41

1.9K 127 33
                                    

Nathanaëlle



Il fallait que j'apprenne à être plus discrète.

Ça faisait déjà la troisième fois cette semaine que je me chargeais de déposer des documents dans le bureau de Luan. Mes collègues allaient finir par trouver ça suspect. Mais en même temps, c'était une excuse pour moi de le voir. Bien qu'on pouvait s'envoyer des messages et s'appeler dans la soirée, rien ne pouvait remplacer le contact physique. Et honnêtement, le voir dès le matin me permettait de bien commencer ma journée.

Eva avait raison. J'étais totalement sous le charme de cet homme.

Je passai devant le bureau de son assistant qui ne fut pas surpris de me voir de nouveau ici. Je me demandais si lui aussi soupçonnait quoi que ce soit. Je lui lançai un bonjour bien trop jovial alors qu'il tapait furieusement sur son clavier d'ordinateur.

— Je vois qu'il y en a une qui est de bonne humeur.

— Et un qui semble irrité contre son ordinateur. Dis-je en m'approchant de son bureau.

Jeremy était un homme qui devait être proche de la trentaine. Assez petit de taille, il avait encore un visage d'adolescent et ses bouclettes noires intenses n'arrangeaient pas les choses. À ses traits de visages, je le soupçonnais d'être eurasien.

Il poussa un soupir en s'adossant à sa chaise.

— Mon ordi est extrêmement lent ce matin, je comprends pas pourquoi. J'ai appelé les techniciens mais ils ne semblent pas pressés de faire quoi que ce soit. Il roula des yeux. C'est pas comme si j'avais trente-six mille choses à faire.

Je lui offris un sourire de compassion.

— Et toi, qu'est-ce qui t'amène ici ?

À force de venir à cet étage, je m'étais presque liée d'amitié avec lui.

Je secouai les dossiers en main. Il leva un sourcil en croisant les bras.

— Soit tes collègues adorent t'envoyer dans la gueule du loup, soit t'es complètement masochiste. Non pas que je n'apprécie pas le patron mais... Il s'approcha et se mit à chuchoter, tu ne sais jamais vraiment lorsqu'il n'est pas d'humeur et je préfère lui envoyer les dossiers par mail que d'entrer là-bas.

Je suivis son regard qui s'était posé sur la grande porte, en souriant amusée.

— Il faut croire que ces derniers temps, il est de meilleure humeur. Haussai-je les épaules.

Avant qu'il ne puisse rétorquer, le bruit de l'ascenseur retentit et un homme d'une quarantaine d'années en sortit.

— Ah, enfin ! S'exclama Jeremy en se levant de son siège. Bon, je te laisse avec Split alors.

Puis il s'avança vers le technicien me laissant perplexe. Ça me dérangeait toujours autant que tout le monde le surnomme ainsi. Surtout quand je savais pertinemment qu'il n'était pas question de troubles psychologiques.

Je toquai à la porte et restai sans réponse une première fois puis une deuxième. Alors j'entrai sans permission.

Il se trouvait face à la vitre, une main tenant son téléphone à l'oreille et l'autre dans la poche de son pantalon de costume. La traction qu'elle exerçait me donnait une parfaite vue sur ses fesses relativement bien bombées.

J'avais bien fait de me proposer. Je n'aurais pas voulu que quelqu'un d'autre puisse profiter de cette image-là.

Je pinçai mes lèvres pour retenir un sourire et me dirigeai vers son bureau.

Until The EndOù les histoires vivent. Découvrez maintenant