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Nathanaëlle



J'entrai dans le bureau de Luan pour la quatrième fois. Ou peut-être la cinquième, je ne savais plus vraiment. Mes bras étaient chargés de nourriture à emporter dont l'odeur faisait tordre mon estomac d'envie.

Luan se trouvait au téléphone, face à la fenêtre, une main dans la poche. La pression que celle-ci exerçait sur son pantalon faisait ressortir son fessier. Et je devais admettre qu'il était assez difficile de ne pas le regarder rien qu'une demi-seconde.

Je m'approchai discrètement mais le bruit des sacs contre le bureau attira son attention. Il posa son regard confus sur moi comme s'il avait oublié pourquoi je me trouvais encore ici.

— Très bien Daniel. Je passerai à l'entrepôt demain matin. Merci encore. Dit-il, ne me lâchant pas du regard.

Il raccrocha puis posa ses mains sur les hanches, me scrutant de haut en bas.

— Qu'est-ce qu'il faut que je fasse pour que vous arrêtiez de me coller ?

Je pinçai mes lèvres en une fine ligne tentant de cacher mon ego légèrement blessé.

— Je vous trouve quand même ingrat pour quelqu'un à qui on amène des plats de son restaurant préféré.

Je commençai à déballer la nourriture et il resta silencieux un instant. Il poussa ensuite un soupir et attrapa les différents sacs.

— Pas ici. Je ne voudrais pas que vous tâchiez des documents.

Il les porta jusqu'à la table basse entourée de fauteuils et malgré sa remarque, je le suivis, arborant un sourire triomphant. Je m'assis en face de lui.

— Alors, je vous ai pris les fameuses Tagliolini au homard avec un supplément parmesan, en dessert le tiramisu classique ainsi qu'une bouteille de Perrier. Annonçai-je plaçant le tout devant lui. Et pour moi une Crema do Fonhi ?

— Di Funghi. Me reprit-il dans un excellent accent.

Je le regardais, surprise. Il avait le nez plongé dans son téléphone, tapant furieusement quelque chose.

— Vous parlez italien ?

— Je me débrouille. Répondit-il brièvement.

S'il ne décollait pas son nez de l'écran, je sentais que cette pause-déjeuner allait être extrêmement longue.

— Je trouve que l'italien est une belle langue. J'aurais aussi voulu savoir la parler mais j'ai choisi espagnol au lycée. Que je ne sais pas non plus si bien parler d'ailleurs mais je peux la comprendre, ce qui est assez bizarre.

— C'est ce qu'on appelle du bilinguisme réceptif. Vous pouvez le comprendre sans pour autant le parler ou l'écrire. C'est tout à fait commun et rien de « bizarre » comme vous dites.

Je commençai sincèrement à regretter ma décision de vouloir sympathiser avec l'ennemi. Il était désagréable. Je comprenais mieux pourquoi il mangeait toujours tout seul. Personne ne pourrait le supporter ne serait-ce que trente minutes.

Et puis qu'est-ce qu'il y avait d'aussi intéressant sur son téléphone pour qu'il soit aussi investi ?

J'attrapai mon plat et mangeai. Chacune des bouchées que je prenais était divine. J'avais mangé dans plusieurs restaurants italiens mais ce que j'avais devant moi dépassait de loin tous les plats que j'avais pu prendre auparavant.

Lorsque quelque chose me plaisait, j'avais besoin de le partager et le plus souvent avec la personne à mes côtés. Cependant, dans ce cas de figure, je me retins. Au vu de son humeur fracassante, je ne voulais pas me faire rembarrer de nouveau.

Until The EndOù les histoires vivent. Découvrez maintenant