51

1.3K 116 46
                                    

Luan



Tout autour de moi semblait avoir ralenti.

Que venait-il de se passer ? Je n'arrivais pas totalement à digérer l'information.

Je restai immobile sur le banc rigide sous le regard passif de ceux qui déambulaient. Je respirai calmement, les yeux rivés sur la porte qui me séparait d'elle. Une partie irrationnelle de moi voulait que j'ouvre cette porte et que je lui demande plus d'informations. C'est vrai ça. Elle n'avait pas le droit de me laisser dans une telle incompréhension.

Si tu m'aimes alors laisse-moi partir.

Ça n'avait pas de sens. Rien de ce qui venait de se produire ne faisait sens pour moi. Tout se passait encore si bien ce matin. J'avais encore la sensation de sa chaleur contre mon corps, de la délicatesse de ses lèvres contre les miennes. En l'espace de quelques heures, son regard rempli de tendresse avait été remplacé par de la peur.

Elle avait peur de moi. Elle ne voulait plus que je l'approche. Je l'ai vu, je l'ai entendu. Ne t'approche pas de moi. À ce moment-là, je l'ai senti glisser entre mes doigts. J'étais en train de la perdre et complètement désespéré, je n'ai pas su la retenir.

Parce que dans le fond, je savais, autant que ça me déchirait, que je n'allais pas être capable de la rassurer.

Ton père,

Ton père,

Ton père,

Mon père. Cette ordure.

Il s'en était pris à Nathanaëlle et à son frère. Plutôt que de venir me voir directement, il avait osé lever la main sur des personnes qui m'étaient chères.

Je commençai à fulminer. Si d'apparence, je paraissais calme, mon intérieur était tout autre. Je bouillonnais de colère.

Il faisait toujours ce qui était en son pouvoir pour m'arracher ce qui me rendait heureux, ce qui me permettait de ne pas perdre la tête.

Je ne pouvais pas la laisser partir. Mon Dieu, j'en étais incapable.

Je n'allais pas laisser mon père me retirer encore une fois une personne chère. Je ne pouvais pas lui donner cette satisfaction.

Je ne le laisserais pas gagner, peu importe ce que ça me coûterait.

Pris par une montée d'adrénaline, je me levais du banc et en furie, je sortis de l'hôpital. Je saisis mon téléphone et appelais Dinh. Je tombai sur sa boîte vocale une première fois, me faisant grogner de frustration. J'entrai dans ma voiture et lançai une deuxième fois l'appel.

— Réponds, réponds, réponds... Marmonnai-je tapotant impatiemment le volant.

C'est seulement au bout de la quatrième tonalité qu'il décrocha enfin.

— Il est dans quel hôtel ? Demandai-je de but en blanc.

Je savais que Dinh pourrait m'orienter. Il était toujours au courant des déplacements de notre père.

Il resta silencieux pendant un instant qui me parut trop long pour le peu de patience qu'il me restait.

— Pourquoi tu veux savoir ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

Je serrai ma main contre le cuir du volant.

— Dinh, dis-moi juste le nom de son hôtel.

— Ne va pas le voir Luan, tu sais très bien comment il est quand il est de mauvaise humeur.

Until The EndOù les histoires vivent. Découvrez maintenant