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Nathanaëlle



Pendant un instant, le monde autour de moi devint sourd. Les lèvres des deux jeunes bougeaient mais je n'étais pas en capacité de discerner quelconque son.

J'attrapai d'une main hésitante une des barrettes. Cette chose avec laquelle j'étais familière depuis mon plus jeune âge. Je l'avais vu traîner dans le salon. On en cachait souvent dans nos placards contre notre gré.

Ce même poison qui avait attiré une fois, la police chez nous. Je me souviens encore de la manière dont ils avaient retourné l'appartement, fouillé dans notre chambre. Les cris du copain de ma mère, encore ivre de la veille, qui jurait ne rien posséder d'illicite.

Cette merde qui avait mené ma mère à tester d'autres drogues plus dures parce qu'elle voulait « ressentir ».

— Tu joues à quoi ?

Ma voix sortit plus stable que je ne le pensais et ricochait contre les quatre murs de la pièce tombée dans le silence.

Lentement, je me tournai vers Lucas. Son regard fuyant, sa mâchoire était contractée et ses mains dans les poches de son sweat.

— Restes en dehors de ça, Naëlle. T'es clairement pas en position de me faire la morale.

Je fermais les yeux et dus utiliser une force surhumaine pour ne pas disjoncter. Pour ne pas péter un plomb et renverser tout ce qui se trouvait autour de moi. Il ne pouvait pas mettre nos deux situations sur le même pied d'égalité.

— Ce que maman nous a fait vivre ne t'a pas suffi, c'est ça ?

Un pic de colère refaisait surface et je sentais ma respiration s'accélérer. Il ne répondit pas alors, je continuai.

— Les emmerdes dans lesquelles son putain de copain nous avait mis ne t'ont pas suffi !? Le volume de ma voix avait augmenté d'un coup. Pourquoi tu fais ça ?

Son manque de réponse répétitif m'agaçait encore plus.

— Réponds putain ! Criai-je en balançant violemment le shit par terre.

Son regard suivit le produit pourtant il n'osait toujours pas me faire face.

— J'avais besoin d'argent.

— Alors pourquoi tu m'as pas demandé ? Qu'est-ce que tu veux faire qui nécessite que tu te mettes à dealer bordel ?

Lorsque ces mots sortis de ma bouche, je me rendis compte de la réalité que j'étais en train de vivre. Mon petit frère était un dealer. Un putain de dealer. Un sourire de désarroi me prit et je posai ma main sur mon front.

— J'vais pas tout le temps te demander de l'argent. J'avais besoin de me débrouiller par mes propres moyens.

— C'est ça que t'appelle « par tes propres moyens » ? Et ton taf à Domino's ?

— Je me suis fait virer.

Je m'arrêtai de sourire et mes sourcils se froncèrent.

— Hein ? Quand ? pourquoi ?

Il mordilla sa lèvre inférieure, débattant visiblement avec lui-même. Puis pour la première fois, ses yeux dépourvus de traces de regret, croisèrent les miens.

— Deux mois après avoir commencé. Je me suis pris la tête avec le patron à cause d'un client et il a mis fin à mon contrat.

Ma respiration se coupa pendant une milliseconde.

— T'es en train de me dire que ça fait presqu'un an que tu me mens ? Que tu nous mens ? Que tous les week-ends tu prétends aller au taff alors que t'en as pas ?

Until The EndOù les histoires vivent. Découvrez maintenant