Carte postale 1 : Tokyo

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Je retire le couvercle en métal rouillé de la boîte à trésors de mon frère. La poussière accumulée avec les années tombe sur mon pantalon. Je fais l'erreur de souffler sur la boîte que je tiens dans les mains.

Un nuage gris s'envole et je me met à tousser fortement, je me relève et peste en sortant de la pièce sombre et chargée. Toujours la boite entre les mains je souris en voyant son contenu bouger au rythme de mes pas.

Petits, mon frère et moi avions décidé d'acheter des cartes postales à chacun de nos voyages ou moments marquants, il la choisissait et je l'écrivais pour apprendre à maîtriser la grammaire et l'orthographe.

Je renverse la boîte sur la table basse blanche du salon vide de la maison de ma mère. Un nouveau nuage de poussière s'élève et j'éternue. J'observe les couleurs des cartes postales, certaines se sont légèrement ternies, d'autres, plus récentes sont encore vives. Je les tri rapidement par date les plus anciennes et attrape la plus vieille.

Mon écriture est brouillon, mes caractères irréguliers, des ratures et une écriture un peu plus propre corrige les fautes d'orthographe faites. Je souris en imaginant mon frère souffler en lisant ce que j'avais écrit.

Je tourne le petit morceau de carton dans ma main pour observer l'image l'illustrant : c'est une photographie de Tokyo, de nuit, les tours sont illuminées comme en plein jour.

"Je m'appelle Rina

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"Je m'appelle Rina. J'ai un grand frère que j'aime beaucoup. Aujourd'hui, papa et maman nous ont montré Tokyo. C'est une ultra grande ville. On va vivre là-bas maintenant. Il m'a dit que ça s'appelait un déménagement. J'aime mon frère, et ma maman, et mon papa. Mon frère me dit que je suis bête mais je l'aime quand même."

Je ris doucement à lecture de ce texte enfantin. Kei avait du m'obliger à l'écrire et pester en voyant mon écriture.

Je ferme les yeux, me laissant porter par mes souvenirs en m'enfonçant dans le canapé, un plaid couvrant la moitié de mon corps.

Souvenirs :

"Rina ! Regarde une carte postale de la ville ! Tu la veux ?"

Je hoche vivement la tête, je dois avoir sept ans et mon frère neuf. De deux ans mon aîné, il prend très à cœur le rôle de grand frère et s'investie dans mon apprentissage de la vie.

"Tu sais ce qui serait ultra cool Rina ?

- Non, c'est quoi cool Kei ?

- Cool c'est...bien, quelque chose qui serait bien, qu'on aimera faire.

- Je veux faire des trucs...cools avec toi.

- Et bah alors on va passer un pacte de frère et sœur : jusqu'à la fin de notre vie, on complétera une carte postale pour quand il nous arrive des trucs importants. Tu comprends ? Par exemple, on va déménager ici, du coup, on va faire une carte de Tokyo. Tu vas écrire parce que tu dois devenir la plus intelligente de la famille et moi je choisi la carte parce que j'ai les meilleurs goûts.

- Ok ! Mais c'est quoi un pacte ?

- C'est comme une promesse, quelque chose que l'on doit respecter."

Il tend sa main vers moi et referme ses doigts sur les miens. La bouche entrouverte je regarde ce garçon qui est pour moi le plus fort de tous. Je secoue vivement sa main en souriant et en chuchotant le nouveau mot que j'ai appris : "On a fait un pacte pacte pacte pacte de frère et sœur ! Un pacte pacte pacte !"

Kei passe son bras sur mes épaules et me remontre la carte, je hoche la tête : elle est très jolie. Il paye le marchand de souvenir et nous rejoignons nos parents. Ils nous regardent en souriant. Mon frère ne lâche pas ma petite main alors que nous zigzaguons entre les passants pressés. Je regarde de toute part, impressionnée par la taille de cette ville, le nombre de personnes et manque de tomber à de nombreuses reprises en essayant de voir le haut des immeubles alentours. Ma mère s'arrête sur le quai d'une gare :

"Notre nouvelle maison est dans un quartier tranquille en dehors du centre ville. Rina, tu ne lâches pas la main de ton frère dans le train ni sur le quai. Kei, tu surveilles ta sœur, je compte sur toi."

Mon frère renforce sa prise sur ma main en souriant, je me réfugie dans ses bras lorsque le train approche, il est immense et bruyant, il est effrayant. Mon père ébouriffe mes cheveux bruns et longs. Je tire de ma main libre sur la petite robe que je porte et suit mon frère qui me tire vers les portes métalliques qui viennent de s'ouvrir. Il entre dans le wagon et lance des regards noirs aux gens qui nous observent avant de s'asseoir à côté de mon père et de me porter sur ses jambes.

Le train se met en mouvements et je m'agrippe aux jambes de mon frère, lui arrachant un gémissement de douleur, il caresse doucement mes cheveux pour me calmer et j'observe le paysage défiler rapidement par la fenêtre .

"La ville fait moins peur d'ici, pas vrai Rina ?

- C'est comme un film. J'ai bien le train, il fait peur mais on y voit des choses belles."

Je me retourne pour faire face à mon frère, mes jambes entourant son torse, je glisse ma tête sur son épaule pour observer les habitations par la fenêtre. Un sourire émerveillé vient bientôt se dessiner sur mes lèvres, je chuchote :

"Y'avait un petit chien Kei, dans un jardin, et un petit garçon jouait avec lui. Le train c'est trop...cool, je peux y voir la vie des gens."

Il ne me répond pas et pose doucement un bisou sur ma joue. Je glisse mes doigts dans ses cheveux courts sans lâcher des yeux le paysage qui défile de plus en plus vite.

Fin du souvenir

Je repose la carte sur la table avec un soupir et m'étire. Me plonger dans mes souvenirs me rend nostalgique, je sens une boule se former dans ma gorge. Je me lève et prend un verre d'eau froide dans la cuisine. Appuyée contre le plan de travail je fixe le miroir du salon et observe mon reflet :

De longs cheveux bruns foncés, les yeux noisettes, presque jaune, un petit nez, un visage long et fin, aux mâchoires légèrement marquées. Les épaules musclées entourée d'un t-shirt blanc simple, la taille fine soulignée par une ceinture large, les jambes rondes moulées dans un jean bleu, la peau blanche, légèrement bronzée aux avants bras : un petit bout de femme comme dirait ma mère. Petite oui, un peu plus d'un mètre soixante. Mon frère s'est toujours moqué de ma taille lorsque sa croissance à largement dépassée la mienne.

Je me tourne vers un placard et attrape un biscuit sec dans lequel je croque avant de me diriger vers les fenêtres pour ouvrir les stores qui cachent la lumière chaude du soleil de fin de journée.

Un moteur s'approche et s'arrête devant la maison, ma mère descend de la voiture et sourit doucement en voyant la pile de cartes postales sur la table.

Volonté - Tokyo revengers x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant