Carte postale 2 : Mont Fuji et bras cassé

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Assises toutes les deux sur le canapé, ma mère me regarde attraper la carte suivante, les yeux brillants de nostalgie.
Cette carte là est verticale, les bords sont tordus, gondolés, elle a pris l'eau, je souris lorsque les souvenirs remontent dans mes pensées : une averse au pied du mont Fuji, une course sous la pluie, une chute, une après-midi à l'hôpital. Ma mère soupire doucement :

"Cet idiot de Kei qui glisse dans les escaliers pour gagner la course et se casse le poignet... Votre père était fou de colère sur le moment, il était tellement inquiet et ton frère nous souriait en grimaçant pour ne pas te faire peur en te montrant qu'il avait mal."

Je laisse ma tête retomber sur le moelleux du canapé en tenant l'image au dessus de moi, je la tourne et lis mon écriture un peu plus régulière :

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Je laisse ma tête retomber sur le moelleux du canapé en tenant l'image au dessus de moi, je la tourne et lis mon écriture un peu plus régulière :

"Papa et maman ont décidé de nous montrer la grosse montagne de Tokyo, Kei m'a dit qu'elle s'appelait Fuji. C'est notre première activité en famille à Tokyo, mais mon frère m'a sauvé et il est tombé dans des escaliers. Il est trop fort parce qu'il a même pas eu mal alors qu'il a du aller à l'hôpital pour mettre un gros pansement sur sa main. J'aime fort Kei, je le protègerai maintenant, il est trop cool."

Je ris doucement en terminant de lire mes mots enfantins.

Souvenir

On voit la pluie s'abattre au loin sur le mont Fuji alors que le train s'approche de la dernière gare. Cela fait une semaine que nous avons fini d'emménager. Tokyo me paraît être immense mais mon frère me fait souvent prendre le train, c'est le seul moyen par lequel j'arrive à comprendre l'immensité de la ville, à ne plus avoir peur d'être engloutie par ses habitants, ses voitures et ses tours immenses.

La vitre du train est battue par les gouttes, je me laisse bercer par le bruit des impacts, assise sur les genoux de mon frère, sa tête repose sur mon épaule, il joue doucement avec mes cheveux tandis que je m'endors.

Il me porte pour sortir du train et nous descendons, mon père sourit et ouvre un parapluie pour lui et un pour ma mère qui nous abrite avec elle. Nos parents nous guident jusqu'à l'arrêt de bus qui nous mènera dans le parc au pied du mont. J'inspire seulement l'odeur de mon frère, apaisée par sa présence, profitant de la chaleur que dégage son corps.

Le bus arrive et nous nous écartons pour ne pas recevoir la gerbe d'eau qu'il crée à son passage, ma mère achète 4 tickets et nous nous installons sur les vieux sièges, j'éternue lorsque mon nez entre en contact avec le tissu poussiéreux et Kei se moque de moi durant le reste du trajet.

Mon frère m'aide à descendre les marches hautes du bus et me tient la main alors que nous marchons sur les pavés trempés, la pluie s'est arrêtée, les gouttes tombent des arbres et roulent sur l'herbe verte. Nous montons les larges marches en bois et pierre pour accéder au temple au pied du Mont Fuji. Kei presse doucement ma main pour attirer mon attention, il chuchote pour que nos parents n'entendent pas :

"Quand on sera plus grands, je t'emmènerai à une fête de temple, t'auras le plus beau kimono et je serais trop fier de marcher avec la fille la plus belle et la plus intelligente. Les garçons seront tous jaloux de moi et je te tiendrais la main.

- Comme un prince et une princesse ?

- Exactement ! T'es ma princesse Rina !"

Mes yeux brillent doucement, humides de larmes de joie en imaginant la scène, un large sourire illumine mon visage et je serre mon frère dans mes bras, il rit doucement et caresse mes cheveux.

Il lâche ma main et commence à courir dans les escaliers, je m'élance à mon tour, mes petites jambes peinant à monter plus de deux marches d'une seule traite. Kei me distance rapidement, disparaissant entre les personnes présentes, je manque de glisser sur une marche et me rattrape sur le bras de mon père. Il est jeune, les cheveux noirs encadrent son visage doux percés par deux yeux jaunes, il me sourit avant de me prendre dans ses bras et de se mettre à courir également, dépassant mon frère.

Arrivés en haut des marches je me moque de lui tandis qu'il râle et m'accuse d'avoir triché. Je lui tend un bonbon de ma poche pour me faire pardonner et il dépose un bisou sur mon front, nous avançons doucement vers le temple, les gouttes qui tombent des arbres sur mes cheveux me font frisonner, Kei passe sa veste sur ma tête. C'est un prince j'en suis sûre, je me marierai avec lui quand je serai plus grande.

Mes parents nous font faire le tour du temple et nous accrochons de petits morceaux de tissus à une corde pour nous porter chance, je fais un vœu dont je ne me rappelle pas dans une fontaine et nous repartons quand la pluie se remet à tomber. Je lance un dernier regard vers l'immense montagne qui se découpe à travers le feuillage des arbres.

Je descend prudemment les marches devenues glissantes, mon frère discute avec mon père dernière moi, je décide de poser le pied droit uniquement sur le bois et le gauche uniquement sur la pierre, concentrée sur mon exercice, je ne fais pas attention et glisse. Mon père n'est pas là pour me rattraper et je me cogne le coude contre la pierre. Les larmes ne tardent pas à dévaler mes joues en rythme avec la pluie et mes pleurs d'enfants brisent le silence doux qui régnait.

J'entend Kei crier mon nom et je me calme : mon prince arrive, il va me soigner. Je me retourne pour le voir courir à toute vitesse dans les marches, sautant par dessus trois voire quatre à la fois, je le fixe, bouchée-bée de sa force et de son agilité. Il arrive rapidement face à moi et...glisse au même endroit que moi. Entraîné par la vitesse il s'arrête quelques marches plus bas après un vol plané. Je cris et m'approche de lui doucement. Il tient sa main droite dans la gauche, ses lèvres trembles mais il me sourit dès qu'il me voit :

" Tu t'es fait mal Kei ?

- Non c'est rien Rina, montre moi ton coude.

- Ton poignet, il saigne Kei."

Il cache son poignet cassé dans son dos en grimaçant. Et pose sa main sur mon épaule pour me faire m'asseoir sur la marche. Il regarde doucement mon coude et pose un bisou dessus :

"Bisous magique ! T'es soignée !

- Merci Kei, t'es trop fort je t'aime !"

Mes parents arrivent et ma mère décide d'appeler les secours feignant que mon frère doit aller aux toilettes tandis que mon père m'aide à descendre pour rentrer à la maison sans eux.

Fin du souvenir

Ma mère est assoupie à côté de moi, je m'étire et regarde la luminosité qui décroit dans le ciel, les couleurs pastels sont bientôt remplacées par un bleu sombre et profond. J'allume la lumière du salon, entoure ma mère du plaid beige et me lève pour aller préparer le repas.

Volonté - Tokyo revengers x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant