Kei - Carte postale 13.2 : Excuses

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Je relève la tête de mon bureau et me masse le cou, les heures passées à griffonner maladroitement tirent sur mes cervicales, je grimace en m'étirant.
Les feuilles couvertes de poussière de graphite s'envolent avec un courant d'air, je n'ai pas réussi à exprimer correctement les ombres qui m'entourent et me paralysent.

Je fini par me lever et entre dans la chambre de mon frère, mes doigts passent sur les draps de son lit, son odeur imprègne toujours la pièce, je m'assied au sol, dos contre le lit, la tête penchée en arrière reposant sur le matelas. Il me reste 3 lettres à lire, deux écrites par mon frère. Dans deux lettres j'aurai lu tous ses derniers mots écrits pour moi.
J'ouvre rapidement l'avant dernière lettre de Kei, un dessin en tombe, il est signé dans un angle d'un discret "Takashi".

"Salut Rina, salut petite soeur,

Eh bah...j'ai merdé. J'ai même bien merdé.

Depuis des années je te dis que je t'expliquerai tout, mais je me rend compte que j'ai besoin de toi maintenant, là, pile en ce moment.
Et tu es loin, à Nagoya, par ma faute, parce que je n'étais pas très présent durant ta primaire, parce que je rentrais le soir, blessé et fatigué, sans jamais te demander comment tu allais.

Tu me manques, chaque jour, chaque nuit. Quand tu rentres j'ai honte, donc je pars. Comme depuis des années, j'ai honte de mes promesses que je ne tiens jamais, que je laisse en suspend.

Je nous imagine dans le Toman, tous les deux on serait invincibles, j'imagine les mecs face à nous flipper face aux Baji. Du coup j'ai demandé à Mitsuya de dessiner. Bien sur il s'est foutu de ma gueule mais on en jette, tu trouves pas ?

C'est pour nous avoir empêché de partager ce genre de moment que je m'en veux aussi

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C'est pour nous avoir empêché de partager ce genre de moment que je m'en veux aussi. T'adorerais vivre avec les gars, mais je me sens responsable de toi, de ce qu'il peut t'arriver alors j'ai toujours été mort de trouille qu'un tordu d'un autre gang s'en prenne à toi alors j'imagine pas si t'étais entrée dans le Toman.

Je suis pas le frère parfait, je suis pas très présent, je flippe tout le temps, je te mens, je veux faire l'indépendant mais j'ai toujours eu besoin de toi dans ma vie.
Pour me rassurer je me dis que toi aussi t'as fais ce genre d'erreurs. Je me dis que tu m'en voudras pas. Mais je m'en voudrai, longtemps je pense, peut-être toujours.

Les gars me demandent toujours de tes nouvelles, ils savent pleins de choses sur nous et je me rend compte que l'inverse n'est pas vrai. Alors je vais finir cette lettre dans laquelle je me pisse dessus pour tout te raconter, tout t'expliquer.

Je t'aime et t'aimerai pour toujours, même de loin, même si c'est maladroit, si ça ne se voit pas, même si des années passent sans que l'on se voit.
Après tout, nous nous comprendrons toujours, nous sommes une âme séparée en deux cœurs, dont nous gardons précieusement les clés.

Je la porte toujours à mon cou tu sais ? Pour toujours te protéger. Tu dois me prendre pour un nul, je crains ehe.

Cette lettre te fera une opportunité supplémentaire pour te foutre de moi. "Les gros mots Kei." Gnegnegne, sale gosse, je t'ai tout appris, fais pas genre de me la faire hein.

J'te jure, t'es la même que moi, sauf que je me connais, j'ai donc toujours un coup d'avance sur toi. Pour toujours.

Aller, j'ai honte je termine la dessus,

Je t'aime, l'oubli pas,

Kei, ton frère qui veille sur toi."

Ma gorge est serrée, quel idiot quand il s'y met. Je regarde le dessin, les traits ont réussi à créer cette énergie qui s'échappe de nous dès lors que nous sommes ensembles.
Je fixe le dessin au mur de ma chambre, face à mon bureau et range précieusement la lettre. J'aurai voulu le rassurer, lui dire que je ne lui en ai jamais voulu, qu'il a toujours été parfait pour moi. Qu'il a su jouer le rôle de père alors qu'il avait à peine 11ans, il a été mon premier ami, celui qui m'a toujours  encouragée à aller plus loin, plus fort, plus précis.

J'ouvre un manuel de math tout en lisant le message du prof qui m'indiques quels exercices je dois lui rendre. Je soupire en voyant la longue liste et commence à calculer les pourcentages de réduction des 15 rayons du magasin de poterie de madame Zu. Quelle idée aussi de faire des réductions de 8,47% sur une assiette, sérieusement, tu m'étonnes que Kei ne tienne pas en cours.
Un sourire triste se forme sur mes lèvres quand mon regard se pose sur la porte comme si mon frère allait l'ouvrir d'un instant à l'autre.

Souvenir

Un faiblement bruit sur le bois de ma porte me fait lever les yeux de mon texte d'anglais, j'émets un grognement pour signifier à Keisuke qu'il peut entrer. Le visage penaud, un livre de math entre les mains, une feuille raturée dans l'autre il s'assoit à mon bureau, le regard vide.

"Monsieur Zu a mangé mon âme Riri.

- Pourquoi ?

- Qui décide de vouloir créer une piscine hexagonale d'exactement 157 mètres cube sans connaître la taille des côtés de son hexagone ?

- Hm, personne.

- En plus ensuite il veut mettre des poissons dedans... des poissons DANS UNE PISCINE.

- Combien de poissons ?

- 3 pour un mètre cube, sachant que...

- Stop, on va commencer par la piscine avant d'y mettre des poissons ok ?

- Ouais, j'en peux plus. Aide-moi , je t'en prie."

Je lui souris et commencer à lui expliquer sur sa feuille affreuse la méthode, les minutes défilent, puis les heures, finalement nous finissons son devoir noté après que j'ai réussi à lui faire recopier sur une feuille propre.

Il me lance un bonbon et mime sa moto, un large sourire fend mon visage tandis que nous sautons dans les escaliers.

Je ne me souviens pas exactement de là où nous étions allés mais le vent fouettait mon visage, mes cheveux volaient rapidement dans le vent, nous nous tenions sur le flan d'une montagne, supérieurs au monde grouillant qui vivait à nos pieds.

Nous étions le 29 octobre 2005, deux jours avant sa mort.

Fin du souvenir

Je regarde la dernière lettre non ouverte mon frère qui tremble dans ma main.
Je meurs d'envie de l'ouvrir et de la lire, mais cet acte me transit de peur. Comme s'il allait réellement disparaître dès lors que j'aurai lu cette lettre.

Je la pose dans le coin de mon bureau et attrape la mienne. Je l'ai écrite récemment, le soir de cette virée en moto. Je fais glisser le papier entre mes doigts et le grognement de mon ventre me rappelle à l'ordre.

Je pose l'enveloppe sur mon bureau et file au rez-de-chaussée chercher à manger tout en abandonnant mes exercices de maths même pas commencés.

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Waaaaa à peine le temps de me remettre des 100 vues qu'on est presque aux 200.
C'est absolument fou !!
Cette histoire me tient énormément à cœur, l'écrire me permet d'évacuer un peu ce que je ressens, voir que vous êtes autant à la lire me fait vraiment énormément plaisir.
Je vous remercie tous du fond du cœur,
Ponyoo

Volonté - Tokyo revengers x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant