La Colline - Le Mythe des Deux Sorciers

Introduction : Le peuple Sorcier

Quand Phrone façonna son domaine, ses Profondeurs, après que Fortë et Lucis aient achevé leurs œuvres respectives, il n'hésita pas à prendre exemple sur ce que Surface et Cieux avaient à offrir. Humains, Faune, Éryens et Mythéens retinrent alors son attention. Si Chimères allaient hériter des traits de Phoenix et des siens, Thormir, Nascore, Sily et leurs descendants allaient servir d'exemple à ce que l'on appelle les Sept Peuples de l'Ombre.

Les plus vieilles légendes ombrescentes assurent que l'Ombre est ainsi appelée car elle fut, tout simplement, l'ombre du dieu fondateur Phrone. Ce serait alors de l'ombre de l'Ombre qu'auraient jailli ces milliers¹ de créatures que l'on nomme Crieurs, Djinns, Asuras, Océaniens, Possédés, Démons et Sorciers. Si l'apparence des Crieurs et des Djinns trouvait son origine chez les Éryens, si celle des Démons avait quelques similitudes avec la Faune, les Possédés et les Sorciers partageaient quant à eux la morphologie humaine. Peu importait les différences entre leurs corps ou leurs visages, les Sept Peuples de l'Ombre vécurent chacun de leur côté dans une certaine harmonie, et ce pendant de longs millénaires. 

Ni le Serkole Morem², ni la création de l'Ombrescence puis du gouvernement impérial qui s'ensuivit, ni même les nombreuses et profondes réformes entreprises par le pouvoir ne changèrent les modes de vie propres aux Peuples de l'Ombre, à la différence peut-être des Démons.

Ces derniers demeuraient reclus dans les ténébreuses cavités du Large Belt, comme les Crieurs dans le Bois Maudit. De même, les Océaniens s'étaient réfugiés aux abords du Vastazul et les Djinns en grande majorité dans les Cendres. Les Asuras, les Possédés ainsi que les Sorciers avaient longtemps conservé leurs traditions de nomades, avant que les deux derniers peuples cités ne se tournent vers la sédentarité. 

Depuis la nuit des Temps, les cultures possédées et sorcières partagent des similitudes qui vont bien au-delà de leur apparence. L'étude de l'installation de ces peuplades dispersées en dit déjà beaucoup quant à leur mode de pensée. Souvent, on localise Sorciers et Possédés assez loin de la Citadelle ou du Bois Maudit car, outre quelques individualités, ces deux peuples ne s'illustrent ni par un besoin de reconnaissance ni par une quelconque forme d'ambition. La proximité du siège du pouvoir ne représente aucun intérêt à leurs yeux. Surtout, ces deux peuples de l'Ombre se retrouvent en grande majorité aux abords des montagnes auxquelles leurs croyances accordent une grande importance³.

Contrairement aux Asuras, aux Océaniens ou aux Crieurs, Possédés et Sorciers ne favorisent non pas une vie en communautés, mais en minuscules cellules familiales. Rares étaient et sont toujours les clans ou villages possédés ou sorciers. A leurs yeux, la norme dictait qu'une famille restreinte (parents et enfants) s'installe indépendamment de ses congénères.

Ainsi, bien que l'on parle de culture possédée et sorcière, il est toujours difficile de parler de sentiment d'appartenance propre à chacun de ces peuples, leurs membres ne se sentant que modérément liés. Ils n'en restaient pas moins des sujets très attachés à leur dévotion envers leurs dieux, l'empereur et à leur devoir de protection des Chimères.

C'est dans cette société que naquit Magnus le Grand. 

________________________________________________________________________________

1. Certaines traditions parlent plutôt de sept premiers représentants, un pour chaque peuple, de la même manière que Pyrr, Krater, Eis et Aelio pour les Élémentaires.

2. Le Siècle de Mort : période de cent années durant laquelle les Faucheurs moissonnèrent les vies d'innombrables créatures des Profondeurs, en dépit des commandements de Phrone.

3. Outre Phrone, les Peuples de l'Ombre partagent une profonde piété envers des divinités locales, des principes ou des lieux qui diffèrent selon villages, tribus, ... Aux yeux des Sorciers, le Large Belt représente la toute-puissance des dieux fondateurs. Les pèlerinages dans ses sentiers sont nombreux, tout comme les fêtes que l'on y célèbre.