Part.IV - 3.2 : La bataille des Ambassadeurs

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Une certaine forme d'appréhension s'était propagée dans le palais à la veille de l'affrontement que l'Histoire a retenu sous le terme "bataille des Ambassadeurs". Le chambellan Dante, bien plus que ses compagnons ou son maître, savait à quel point les soldats envoyés par le Conseil de la Colline n'étaient pas à prendre à la légère.

Le chantage effectué auprès d'Aegidius par Rosae et lui venait de montrer ses limites, comme celles du pouvoir royal. Le Conseil avait ainsi agi en dépit des réticences de son monarque. Une part de Dante était soulagée que Sylvanus Santora ne prenne pas part au voyage, mais une autre craignait de voir le chef des Orphelins, Forben Sorelias, mener l'expédition. De même, Serapheím Nortas avait beau être âgé, il n'en demeurait pas moins réputé pour son habilité à soigner les blessés. Alors, lorsque, ce 18 septembre 507, le chambellan scrutait l'ambassade partant rejoindre Febehl, il s'interrogeait sérieusement quant aux moyens dont disposait la Citadelle pour repousser une telle menace.

Dryas Tsuga était un vieux de la vieille, un chasseur doté d'une expérience telle qu'elle aurait pu le mener à la fonction de chef de faction si Salsola Balsamea n'occupait pas le poste avec brio. Koga Neroja n'était pas réputé pour ses qualités d'orateur, mais pour sa force physique que seuls quelques hommes pouvaient se targuer d'égaler. Azaan Moder et Solal Derkam avaient impressionné leur monde par le simple fait d'obtenir leur charge. Il était complexe en effet de gagner la confiance du têtu Ezra Nerodeth, et il était, on le croyait, impossible pour un homme de devenir adjuteur sous le mandat de Sybëll Arrancar. Quant à Nohaï Lyaren, il était bel et bien le fils du plus grand épéiste de la Colline, le digne héritier d'une famille ancestrale, un combattant que même les forces spéciales espéraient ne jamais combattre.

Quand il rejoignit la Citadelle ce jour-là, Dante ne parvenait pas à masquer son inquiétude.

— Vous paraissez très tendu, chambellan, fit remarquer Yuki, en accompagnant l'assassin dans la salle du trône.

— Si vous aviez la bonté de me dire comment tout ça va se finir, je vous en serais très reconnaissant.

— Pas de précipitation voyons, chaque chose en son temps.

— Oserais-je entrevoir une victoire sans trop de pertes à déplorer pour notre camp ? suggéra Dante.

— Je vous promets un combat comme on en a plus vu depuis la venue du grand Lior au palais.

— Ça ne me rassure d'aucune façon...

— Quel manque de confiance, s'exclama soudain Bélial. Nous allons les écraser comme de vulgaires asticots.

— Si vous croyez ça, Bélial, alors vous vous exposez à de grandes déconvenues, répondit le chambellan.

— Qu'ils m'envoient Sylvanus Santora, et peut-être que j'envisagerais de noircir mon pantalon, ironisa le colossal possédé.

— Assez, Bélial, gronda Nephyl, assis sur son trône. Dante a raison. Prenez les trop à la légère, et les Humains de la Colline vous balayeront. Ils sont fourbes, rusés, mais pas dénués de talents.

— Quels sont vos ordres ? demanda Ryotaro. Devons-nous les attendre au portail de Febehl ?

— Non, laissez-les venir jusqu'à nous, dit l'empereur.

— Jusqu'à vous, votre majesté ? demanda Varius.

— Jusqu'à la cour d'honneur. C'est là que vous les affronterez. Comme disait Yuki, ce sera un test parfait pour mesurer nos forces. Ryotaro, Jie, Assora, vous resterez avec moi, ici. Les autres, disposez de nos invités comme bon vous semble. Toutefois, épargnez le vieux guérisseur, épargnez Serapheím Nortas.

La Colline - Le Mythe des Deux SorciersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant