La Colline - Le Mythe des Deux Sorciers

Part.I - 3.3 : Sur les traces de Thormir

Magnus empereur, il conservait des obligations qu'il avait du mal à concilier avec sa jeune fougue, aussi le départ pour son fameux grand voyage dans les domaines ne put commencer qu'à l'aube du deuxième siècle.

Avant cela, il lui fallut désigner un certain nombre de représentants pour gérer les affaires politiques en son absence. Peu d'assemblées du temps de Nergal allaient perdurer, Magnus ayant insufflé un vent de renouveau avec lui. Des élections furent organisées, un recensement, des premières mesures pour assurer le redressement de l'empire. Aussi, l'empereur définit avec précision les prérogatives de ses Arcanistes. Ce n'est qu'ensuite qu'il partit, avec l'ardent espoir de croiser ses futurs archidémons sur sa route. Son itinéraire avait d'ailleurs fait l'objet d'une longue et mûre réflexion : désireux de demander des comptes aux Humains, afin de comprendre la venue de ces Invocateurs qui avaient apporté tant de malheurs, il s'orienta avant tout vers la Surface.

Deux portails naturels ont toujours mené au domaine supérieur : les tortueux sentiers du Large Belt et le Vastazul. En ces temps cependant, bien plus qu'aujourd'hui, on accordait beaucoup de crédit à l'existence d'une autre forme de passage, des temples, immémoriaux, érigés à la gloire des trois divinités fondatrices et de l'Équilibre. Persuadé que le malheur l'avait suffisamment accablé pour le reste de son existence, Magnus écouta son enthousiasme et prit la décision de partir à la recherche de l'un de ces monuments mythiques. Les rumeurs affirmaient que l'un d'eux, en l'honneur de Lucis, se trouvait en plein cœur des Cendres.

Inutile de palabrer sur le tollé que provoqua une telle annonce au sein de l'Ombrescence. Qui plus est, le charisme et les talents d'orateur de l'empereur faisaient tôt ou tard plier n'importe lequel de ses sujets. Ainsi, Magnus s'en alla vers le Désert.

Notons ici que la plupart des conversations rapportées dans les lignes ci-dessous proviennent des Mémoires de Magnus lui-même, ou bien de celles de ses archidémons¹. 

Son voyage serait lent, car même si la Surface mobilisait la majorité de ses pensées, il s'était de même fixé des objectifs en lien direct avec sa récente fonction. Aussi escomptait-il faire la rencontre des peuples qu'il administrait, tout comme des autres espèces peuplant le Monde. Et éventuellement, trouverait-il parmi eux celles et ceux qui porteraient la lourde charge d'archidémon.

La première étape de son voyage l'amena à s'interroger sur l'accès au Désert. Ce dernier, rappelons-le, est bien peu similaire à celui de la Surface. Les Humains, précisément les Bâtisseurs, avaient jadis construit une cité à même le Large Belt afin de s'assurer que les factions du désert ne puissent pas représenter une menace pour les êtres qui vivaient au sud de la chaîne de montagnes. Ainsi Frontiere était une ville particulière, une gargantuesque porte, un fort imprenable. Mais il n'y avait rien de tel dans les Profondeurs. Rallier les Cendres n'imposait pas de passer par une telle cité, mais il n'en restait pas moins un voyage périlleux.

Profitant de ce tour pour se présenter à son peuple, Magnus passa les premières semaines de son voyage à sillonner les colonies asuriennes afin d'apporter son soutien à ce peuple de l'Ombre qui, comme tous les autres, avait tant pâti de la Grande Guerre. L'empereur était alors encore très jeune, sensiblement plus jeune qu'Ezéchiel lorsqu'il prendra ses fonctions quelques siècles plus tard. Il était un sorcier bien bâti, à la peau oscillant entre le clair et le mate, déjà très grand et doté d'un charme ravageur.  

Peu familiarisé aux longs et fastidieux discours, Magnus craint un temps de ne pas se montrer à la hauteur de charge, mais ça le rendait en réalité bien plus sympathique encore auprès de ses sujets ombrescents. Qui plus est, il était un sorcier qui aimait travailler de ses mains, construire, aider dans les champs², chanter et raconter son enfance à un public toujours plus captivé. Les asuras étaient conquis.