Part.I - 5.3 : L'heure de la réconciliation ?

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Conscient d'avoir rapidement délaissé son empire au début de son règne afin d'entreprendre son voyage, Magnus, peut-être mû par un sentiment de culpabilité, consacra un peu plus du siècle suivant à administrer ses terres et son peuple.

Fort, séduisant, droit, juste, l'empereur était idolâtré par les siens. Les représentants ombrescents le considéraient en très grande majorité d'un œil satisfait. On voyait dans les Arcanistes de son Conseil des garants invincibles de la protection de l'Ombrescence. Ils étaient les garants de l'ordre, ceux qui avaient défaits les Invocateurs et venger leur domaine. Les archidémons, de même, jouirent très tôt d'une image flatteuse.

Ses grands projets lancés, ses habitudes prises à la tête du gouvernement, Magnus n'hésitaient pas à déléguer et à inviter ses conseillers à prendre des responsabilités. Ce faisant, le sorcier pouvait se consacrer à l'étude des Descendants pour laquelle il se découvrit une véritable passion. Ses recherches avaient forgé en lui une connaissance précise de l'histoire des Humains, en commençant par les Akléiens, les Phaïstiens et les Magéiens, jusqu'à la séparation des diverses factions. Aussi, comme l'avait habilement souligné l'Héliaste, consulter les archives de la Colline lui serait vite indispensable pour pouvoir progresser. La Colline, justement, hantait de plus en plus les pensées de l'empereur.

Ce n'est qu'à l'aube de l'an 332 que Magnus se sentit prêt pour entreprendre son voyage. Longtemps avait-il craint celui-ci, et notamment la perspective de recroiser la route de Pancratius Luminarii dont la folie avait, semblait-elle, éclaté aux yeux de tous. Cinquante ans plus tôt, en 281, le roi de la Colline avait en effet signé le Décret de Bannissement des Mages et Élémentalistes du fameux promontoire, causant un choc qui résonna bien au-delà des limites du monde connu. La crise qui frappait la Colline empêchait tout mouvement de l'empereur, mais son attention avait, en ce temps-là, été attirée ailleurs.

Sept années plus tard, en 289, Abaddon et Maelströ présentèrent à Magnus, aux archidémons et aux arcanistes le rapport des patrouilles océaniennes qui s'étaient aventurées à la Surface. Les nouvelles étaient des plus préoccupantes. En effet, les documents stipulaient qu'un gigantesque et lugubre édifice était en cours de construction sur une île perdue dans le Vastazul. Aquamanciens, Aéromanciens et Spahis semblaient être à l'origine de cette entreprise aussi curieuse d'inquiétante.

Tapi dans l'ombre, Magnus assistait ainsi aux diverses manœuvres menées par les Humains dans le domaine sous ses pieds sans pouvoir y prendre part. Une certaine frustration commença à se faire ressentir, jusqu'à l'année 295, qui fut celle de l'espoir. Après tout, "le fou était mort".

Cette simple phrase, qui s'échappa dans les trois domaines comme une trainée de poudre dans les Cendres, fut déchiffrée sans mal par ceux qui l'entendirent. Pancratius Luminarii, après un règne anormalement long (plus d'un siècle), s'était éteint, ravivant ainsi les aspirations magnusiennes. Pourquoi, dans ce cas, l'empereur a-t-il attendu 332, soit près de quarante ans, avant de pouvoir entreprendre ce voyage diplomatique dont il rêvait tant ?

Parce que des rumeurs affirmaient que Ness-Terath avait été réinvestie. 

La Colline - Le Mythe des Deux SorciersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant