Comme il a déjà été mentionné, l'itinérance, qui occupait un rôle prépondérant dans la vie des Sorciers, avait peu à peu vu son importance décliner au fil du temps, sans toutefois disparaître. Quitter son foyer n'avait donc rien de tragique pour Magnus, il s'agissait d'un rituel, un processus qu'il répéta plusieurs fois avant que la guerre n'éclate. Son départ, suite à l'appel des héraults de Nergal en 152, marqua un tournant dans sa vie. Pour les historiens qui ont pu parler "des Vies" de Magnus, c'est là que s'achève la première.
A l'image de milliers de créatures de l'empire, Sapia, Potens et leur fils marchèrent des semaines durant à travers les plaines froides et irritantes de l'empire avec pour destination le cœur prestigieux de ce domaine. Mais si ce voyage fut des plus éreintants, la récompense fut aussi à la hauteur de leurs efforts.
Dès l'instant où le regard du jeune Magnus se posa sur l'imposant bloc de cristal finement taillé, il en fut émerveillé à un point tel qu'il en oublia que la guerre approchait à grands pas.
La nouvelle de l'agression invocatrice s'était répandue dans l'empire comme aucune autre information auparavant, et ce grâce notamment aux colossaux moyens mis en place par l'empereur Nergal. Magnus et ses parents arrivèrent donc avec de nombreux autres ombrescents. Des centaines de créatures s'étaient déjà rassemblées autour de la Citadelle, à l'exception évidente des Démons. Une part du jeune sorcier se réjouissait de retrouver ainsi les autres peuples de l'Ombre et il peinait à réaliser ô combien ils étaient nombreux. Il y avait de l'excitation chez lui, bien plus que de la peur. Un inextinguible espoir, celui d'un enfant.
Après plusieurs heures d'attente, Magnus et ses parents furent invités à traverser le pont de rondins de bois qui franchissait ce vaste lac d'eau trouble qui encerclait le palais.
Divers campements s'étaient érigés autour du point d'eau afin d'accueillir les forces de Nergal et, chose plutôt étonnante, les six peuples de l'Ombre se mêlèrent entre eux, comme animés d'un sentiment d'appartenance à un seul et même groupe. Cette Ombrescence unie, c'était celle qui animait les rêves de Magnus, celle qui pouvait selon lui affronter tous les dangers et atteindre tous ses objectifs. Elle était, à ce moment-là, celle qui allait devoir se battre au premier rang.
En effet, rares étaient les chanceux à pouvoir résider au palais. C'était donc un honneur tout particulier qui était fait à Magnus et sa famille. C'est ainsi qu'il le vécut en tout cas, tout du moins au début.
Comme leurs congénères avant eux, Potens et Sapia furent soumis à une batterie de diverses mises à l'épreuve quelques heures seulement après leur arrivée. Les recruteurs impériaux cherchaient ainsi à déceler les pépites parmi la populace, mais ni le père ni la mère ne possédaient d'aptitudes suffisantes pour leur permettre de rester dans l'enceinte de la Citadelle auprès du souverain. Puis vint le moment de tester Magnus.
Transmutation, lévitation, télépathie, le jeune sorcier épata tant le serviteur de Nergal que ce dernier appela les autres afin d'admirer les compétences du jeune sorcier. Sans aucune contestation possible la meilleure recrue qu'ils avaient déniché depuis l'annonce de la guerre, Magnus eut l'honneur de rester au palais.
Il tenta par tous les moyens de convaincre les officiers impériaux de garder ses parents auprès de lui, en vain. Il menaça même de refuser le poste prestigieux qu'on lui offrait, mais cela n'était plus de son ressort. Eux devaient rejoindre les troupes, lui resterait au plus près de Nergal.
La séparation fut difficile et les embrassades aussi longues que possible. Une part de son insouciance demeurait pourtant, et il s'y rattachait autant qu'il le pouvait. Aussi, les affres de la guerre lui étant inconnus, comme ses congénères, il ne mesurait pas le danger qui rôdait. Il s'y résolut donc avec docilité.
Au cours des semaines qui suivirent, Magnus eut l'honneur de s'entraîner aux côtés de sorciers issus des quatre coins de l'empire, bien plus talentueux que son père et sa mère. Cinq d'entre eux notamment le prirent sous leur coupe et partagèrent avec lui leurs connaissances. Ils furent les premiers et seuls véritables maîtres de Magnus. Grâce à eux, le jeune sorcier apprit à maîtriser ses pouvoirs encore capricieux, tout en améliorant son savoir sur son domaine. En d'autres circonstances, cette époque aurait pu être des plus agréables et graver de mémorables souvenirs, si l'effroi n'avait pas embrassé la Citadelle.
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La Colline - Le Mythe des Deux Sorciers
FantasiDes siècles avant les événements relatés dans la saga "La Colline", un jeune sorcier avait révolutionné les Profondeurs, tout comme son fils allait le faire après lui. Le Mythe des Deux Sorciers est une double biographie consacrée aux vies de Magnus...