Part.III - 3.1 : La prophétie

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Après tant d'années de labeur, de déceptions, d'oppositions, Magnus avait mené ses projets avec la Colline bien au-delà de ses espérances. De plus, sa thèse relative aux Descendants touchait enfin à sa conclusion. Il en allait de même pour la tâche entreprise il y a bien longtemps par le Généalogiste : la Liste était terminée. A sa première lecture, à l'instant où enfin Magnus prit connaissance de l'identité de ces fameux humains, il éclata de rire.

Aegidius et l'empereur s'étant longuement entretenus en privé, le sorcier avait fait part de son intérêt pour le mythe des Descendants à son interlocuteur. Le roi de la Colline lui répondit alors que, d'après les informations obtenues par ses forces spéciales, il y aurait à Mithrida un sigillant particulièrement talentueux. Peut-être celui-là était-il l'un de ses illustres élus dont parlait le mythe ?

Après le départ de son fils, Magnus avait pris l'habitude de faire venir d'autres humains au palais, et notamment des Nécromanciens¹. Ce fut donc tout naturellement que l'empereur mandata Yuki pour aller chercher ce fameux sigillant : Jie de Mithrida. 

Le jeune homme fut ainsi invité à la Citadelle en 487, où il fut introduit à sa majesté Magnus. Une longue et passionnante conversation s'ensuivit, pour le plus grand plaisir des deux interlocuteurs. D'abord ébloui par le savoir de l'adolescent, l'empereur demanda à ce que leur entrevue devienne un peu plus privée. Tous les sujets furent renvoyés de la salle, avec les gardes, mais aussi le prince Vincere, pourtant fasciné par ce Jie.

— Tu me dois une conversation depuis plusieurs semaines, et maintenant, tu oses me congédier comme un vulgaire laquais ? s'offusqua le prince.

— Tu auras ce pour quoi tu es venu après cette discussion, je t'en donne ma parole.

Akuma et Abaddon claquèrent alors les portes au nez de Vincere. Au comble de la rage et de l'agacement, poussé par une audace sans commune mesure, le prince décida d'entrer dans l'esprit... de son père. Sans qu'aucune créature dans la salle ne s'en aperçoive, pas même l'empereur lui-même, il assista au déroulement de la fameuse entrevue.

Non sans fierté, le Généalogiste présentait sa fameuse Liste des Descendants au jeune sigillant, captivé par les noms inscrits. Il prévint alors l'arcaniste :

— Je ne connais aucun des noms que vous me présentez, assura Jie. Malheureusement, le rituel que j'ai mis au point n'est efficace qu'avec l'une des personnes que vous avez indiqué sur cette liste...

— Il se trouve justement que nous avons l'honneur d'accueillir pas moins de deux Descendantes, sourit Magnus.

L'empereur se tourna alors vers Yuki et Ælisia, toutes deux estomaquées.

— Pardon ? lâcha la divinatrice à bout de souffle.

— J'ai toujours su que tu étais incroyable Yuki, rit Magnus. Toi aussi, Ælisia. L'une d'entre vous me ferait-elle l'honneur ?

D'abord paralysées, les deux femmes ne parvinrent pas à réagir. L'épéiste observa la vieille divinatrice, puis s'apprêta à faire un pas en avant, mais Yuki l'en empêcha. L'épéiste ne sut jamais pourquoi la vieille femme s'était ainsi interposée, sans doute cette dernière avait-elle pressenti quelque chose que personne encore ne savait : Ælisia était enceinte de son deuxième enfant. Si une personne devait servir de cobaye à cet étrange rituel, ce serait donc Yuki.

Assis en tailleur au sol, Jie, grâce aux sceaux qui luisaient au bout de ses paumes, dessina un étrange symbole à la craie, un cercle dont la vieille femme devrait s'installer au centre. La divinatrice vint face à lui, et tous retinrent leur souffle. Quelques incantations annoncèrent le début du rituel et de surprenantes bourrasques s'élevèrent dans la pièce.

La Colline - Le Mythe des Deux SorciersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant