Part.III - 4.4 : L'évasion (suite)

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Une lourde détonation parcourut les couloirs de la prison, paralysant quelques instants les sentinelles des étages inférieurs, tout comme le groupe de Varius. Le capitaine jeta alors à la pseudo adjutrice de la Colline un regard noir.

— Des amis à vous ? l'interrogea-t-il.

— Un assassin s'est faufilé sur l'île un peu avant que nous n'accostions.

— J'ai bien compris que vos deux "prisonniers" n'en étaient pas vraiment, ajouta Varius en scrutant Ryotaro et Jie, mais peut-être souhaiteriez-vous m'informer de l'arrivée d'autres renforts.

— Vos sentinelles, notre allié musicien de classe quatre et deux autres personnes qui attendent dehors.

— Dehors ? demanda le capitaine.

— Détendez-vous capitaine, ironisa la protectrice. Nous nous occupons des deux dernières cellules et nous nous en allons.

Ils avaient maintenu une cadence soutenue tout en progressant aux différents étages, profitant de l'effet de surprise, mais lorsqu'ils déboulèrent au troisième niveau, l'alerte générale sonnait déjà et les assourdissant cris des premiers crieurs commençaient à retentir. Du virage face à eux surgit soudain une douzaine de spahis.

— Capitaine ! Évasion confirmée aux cellules des classes cinq ! s'exclama un garde paniqué.

Varius savait que sa diplomatie permettrait de sortir de cette situation sans verser la moindre goutte de sang. Il savait aussi, à l'instant où la protectrice invoqua un long poignard de lumière, qu'il ne pouvait plus revenir en arrière.

Se libérant de leurs liens avec une facilité déconcertante, Jie de Mithrida et Ryotaro de Febelh mirent un terme au combat si vite que Varius ne put s'empêcher de ressentir de la honte face à la faible résistance de ses soldats. Certains furent projetés contre les murs avec violence, d'autres virent le sol sous leurs pieds subitement disparaître, d'autres encore se pétrifiérent comme des statues de marbre.

— On va devoir accélérer le mouvement, lâcha le sigillant Jie.

Ce qu'ils firent. Varius ne broncha pas. Même s'il aimait ses Hommes, il savait que d'autres priorités l'attendaient, des priorités qui redéfiniraient l'avenir de tous. Le spahi ne tue pas, sauf si son geste permet de sauver d'autres vies. En mémoire de ses frères tombés, il ne faillirait pas.

Les derniers mètres furent des plus sanglants. La protectrice tranchait les gorges sans frémir. Le sigillant, en dépit de son jeune âge, terrassait les sentinelles humaines mais aussi les crieurs. Le mage demeurait le plus impressionnant. Sans recourir au manuscrit qui l'accompagnait d'ordinaire, il ouvrait la voix au groupe en laissant émaner une aura de confiance et de charisme qui surpassait celle de Varius.

Ils arrivèrent enfin à destination. Le capitaine indiqua du doigt les deux cellules.

Ryotaro détruisit la première porte d'une main avant d'utiliser l'autre pour empêcher le corps de Samaël de chuter dans le puits sous ses pieds. Retirant un à un les maillons de sa camisole, il attira le possédé hors de la pièce. Jie fit de même avec l'autre salle, se protégeant rapidement de l'assaut des crieurs qui l'attendaient derrière. Le protectrice intervint alors puis, avec l'aide du mage Ryotaro, ils firent évader Sohl.

Trop heureux d'avoir libéré l'invocateur et le possédé sans encombre, aucun ne remarqua l'arrivée massive des crieurs des autres étages. Des dizaines de créatures débarquèrent derrière eux sans qu'ils ne s'en aperçoivent. Sohl, en rouvrant les yeux, poussa un cri de terreur à la vue de ces êtres qui l'avaient tant torturé. Ceux-là ne bougeaient pourtant plus. Les nombreuses lanternes voguaient dans les airs paisiblement, alors qu'une douce mélopée s'élevait du couloir.

La Colline - Le Mythe des Deux SorciersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant