« [𝓣𝓸𝓶𝒆 𝟐 𝓢𝓝𝓚] ℒ𝒆𝓼 𝓐𝓲𝓵𝒆𝓼 𝓭𝒆 𝓵𝓪 ℒ𝓲𝓫𝒆𝓻𝓽𝒆́ »

Chapitre 98 : Soucis

*1er février 851*

La naissance du petit Furlan Ackerman avait fait le tour des survivants du Bataillon d'exploration et des amis proches et de la famille. Mes amis avaient émis le souhait de rendre visite à la maman et son enfant avant de rapidement faire marche arrière, apeurés par le regard glacial du caporal-chef. Anna avait besoin de repos, elle reviendra dès qu'elle aura totalement récupéré et trouvé une idée pour faire garder Furlan, le temps où ses deux parents travailleront. Pour l'instant, elle profitait de son congé maternité dans la maison au District de Karanes que le caporal-chef et elle avait achetée. Ses deux cousins et leurs familles lui rendant visite assez régulièrement, le caporal n'avait pas à s'inquiéter de son état de santé alors qu'il se trouvait au quartier-général de Trost.

Loretta avait voulu faire le déplacement, mais elle s'était tout d'un coup senti mal. En fin de compte c'était Bettina et ma sœur Annelies qui s'étaient déplacées jusqu'à Karanes pour prendre des nouvelles de sa santé et celle du bébé.

Ça faisait des semaines que je m'inquiétais pour Loretta. Bien que voulant me convaincre que ce n'était rien, que cela devait être mon imagination parce qu'il y avait beaucoup de travail dans le médical (tout aussi stressant que dans l'armée), ça sautait aux yeux que quelque chose ne tournait pas rond. Elle devait couver quelque chose... Même son père nous avait prévenus avoir senti un changement chez sa fille. Il l'avait élevée tout seul depuis le décès de sa femme dix-sept ans plus tôt, il la connaissait par cœur. Suffisamment par cœur pour prévenir les plus proches amis et les collègues de sa fille.

À premier vue, on ne se rendait pas forcément compte que quelque chose n'allait pas, pourtant il y avait des signes. Elle semblait fatiguée, elle manquait parfois d'appétit, il était même arrivé qu'elle soit à deux doigts de faire un malaise - et ça, ce n'était pas bon signe. Son père avait tout à fait raison de s'inquiéter.

Et ce n'était pas tout : même le physique de Loretta n'échappait pas à quelques changements. Des douleurs au ventre et les seins tendus, gonflés et douloureux. Peut-être est-ce que j'avais passé tout mon temps libre à veiller sur Anna au cours de ses derniers mois de grossesse (et remarqué les nombreux changements), mais vu que Viktor et elle avaient passé les dernières fêtes ensemble... Après, je me voyais mal leur demander cash : « Avez-vous fait l'amour à Noël ? » J'imaginais très bien le malaise. Et la tête de mon frère à la question... Sans rire, ce n'était pas vraiment le genre de sujet dont on parlait. Non, on ne débattait jamais sur cela, et si je lui posais la question, aucun doute qu'il rougirait jusqu'à la racine des cheveux avant de bafouiller.

Pour être honnête, moi aussi je me sentirais très mal de les interroger sur un sujet si personnel. (Rien que d'y penser, mes joues rougissaient déjà de honte.) C'est leur vie privée, ils étaient assez grands pour faire ce qu'ils veulent. Pourtant je ne pouvais empêcher l'inquiétude de me ronger de l'intérieur...

Mais d'autres soucis me prenaient la tête en ce moment. Ma sœur, Théa, qui faisait ses classes au sein de la 106ème Brigade d'entraînement, m'avait écrit il y a peu de temps, et apparemment pas mal de scènes étranges se déroulaient. Des équipements qui disparaissaient ou qui rencontraient des problèmes techniques, des entraînements qui ne se passaient pas forcément comme prévu, des recrues qui tombaient malades... Des mystères dont on ne pouvait ignorer. Hansi avait donc choisi certains soldats pour se rendre au camp d'entraînement sud dont gérait le sergent-instructeur Shadis. Leur apporter tout notre soutien leur serait plus que bénéfique. (Peut-être qu'ainsi on découvrirait par le même temps l'instigateur de tous ces malheurs rencontrés par la 106ème Brigade d'entraînement...)

J'avais été envoyée là-bas avec Marlowe, Navin et Kovu pour mener notre petite enquête. Bien sûr, on se demandait tous pourquoi la 106ème Brigade d'entraînement connaissait ces problèmes, et qui pouvait bien en être le responsable, mais on gardait nos suppositions pour nous. Pas question de s'éparpiller tant qu'on n'aura pas vu de nos propres yeux les équipements détruits.