« [𝓣𝓸𝓶𝒆 𝟐 𝓢𝓝𝓚] ℒ𝒆𝓼 𝓐𝓲𝓵𝒆𝓼 𝓭𝒆 𝓵𝓪 ℒ𝓲𝓫𝒆𝓻𝓽𝒆́ »

Chapitre 97 : Naissance

*10 janvier 851*

Un bébé, c'est une petite boule de bonheur qui nous tombe dans les bras et qui nous met la tête à l'envers. Un être magique qui transforme les biberons en sourires et les couches en câlins.

On disait également que l'un des plus beaux jours de la vie, et peut-être le plus beau de toute notre existence, était celui où la naissance d'un enfant ouvrait notre âme à des émotions qu'elle ignorait encore hier.

Ma mère avait souvent répété que nous étions tous les quatre ses plus beaux trésors. Je parlais bien sûr de mes sœurs, moi et mon frère. Elle s'était retournée sur ces quatorze années où elle nous avait élevés tous les quatre, depuis la naissance de Viktor, et elles lui avaient fait l'effet d'une seconde, comme dans un conte de fées... Elle avait paru on ne peut plus satisfaite. Et le visage radieux de notre mère nous avait comblés de bonheur.

Aujourd'hui, un nouveau maillon avait été ajouté à la grande chaîne de l'humanité.

Un bébé né de l'union entre un Ackerman et un Métamorphomage, un ange guerrier, dont les clans avaient été quasi réduits à néant par l'ancien gouvernement.

Anna avait effectivement donné naissance au fruit de leur amour dans la matinée.

Elle l'avait mis au monde dans la maison qu'elle et le caporal-chef avaient acquise à Karanes, à l'est du Mur Rose, auprès de ses cousins - Esteban Laguerra et Jaycen Lilipucia - et leurs familles. Il neigeait ce jour-là.

Une réunion militaire avait lieu à Karanes et j'avais été choisie pour y assister à la place du Major. Kovu, ainsi que le capitaine Laguerra, qui avait besoin de changer d'air (sa grossesse arrivait à son terme et le bébé le faisait bien savoir en gigotant dans son ventre), m'avaient accompagnée, et Navin par la même occasion. J'avais demandé à Viktor de garder un œil sur les faits et gestes d'Eren en mon absence. Par mesure de précaution, au cas où il y aurait quelque chose qu'on zapperait pendant que je serai en réunion à Karanes. Mon frère avait accepté, et j'avais pu partir l'esprit tranquille.

Une requête avait aussi été chargée sur mes frêles épaules : le caporal m'avait demandé de le prévenir si l'accouchement avait lieu à Karanes. Si jamais ça se passait ainsi... Comme Anna arrivait vers la fin de la grossesse, on ne savait jamais ce qui pourrait arriver. Et si le bébé naissait ? Et s'il arrivait un truc pendant l'accouchement ?

Ce genre de questions qui te cassaient la tête comme pas permis.

Quoi qu'il en soit, j'avais fait la promesse au caporal-chef. Comme lors de la dernière expédition Extra-Muros, fin août, lorsque la mère de son enfant avait été confiée à l'escouade Zacharias et mise en sécurité. Comme cette fois-là, je lui avais promis de veiller sur elle.

C'est la preuve qu'il me faisait suffisamment confiance pour une telle promesse.

Une preuve de confiance assez rare, dont peu de personnes pouvaient se vanter dans leur vie.

La réunion en question avait été longue et on ne peut plus ennuyante, comme chacune des réunions juste avant. (« Qu'est-ce qui m'a pris d'avoir accepté le poste de capitaine ? ») C'est le truc le plus chiant à faire en tant que haut-gradé, au sein de l'armée. Je ne sais franchement pas comment mon père avait fait, de son vivant, à titre de haut-gradé du Bataillon d'exploration (et ma mère, au sein de l'hôpital, par la même occasion), mais c'était soporifique, ces réunions qui traînaient en longueur. Ceux qui arrivaient à rester « éveillés » et à prendre des notes, je leur tirais mon chapeau. Ou alors ils étaient assez à la ramasse, ou alors c'était devenu une habitude pour eux et ils ne se posaient plus la question.