Chapitre Vingt

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Anaïs rêve. Toujours ce même cauchemar. La voilà de nouveau dans les caves, mais cette fois c'est pire : elle est du mauvais côté des barreaux. Ses bras et ses jambes sont attachés à une machine qui, telle une horloge diabolique, émet un cliquetis sinistre. Elle n'est pas toute seule dans sa cellule : en face d'elle se tient Priscille. La princesse est debout avec un grand couteau dans la main. Elle la fixe avec un regard dément. Du sang coule le long de ses lèvres. Approchant son couteau, elle lui entaille la chair ; Anaïs gémit. Elle voudrait hurler, la supplier d'arrêter, mais aucun mot ne parvient à sortir de sa bouche. Elle essaie se libérer mais elle ne parvient qu'à se faire mal à force de crisper ses muscles. Elle voudrait que ce cauchemar s'arrête. Car elle sait que ce n'est qu'un rêve ; elle sent bien que tout cela n'est pas réel.

Mais pourtant, qu'est-ce que ça fait mal !

Se réveillant brusquement, elle peut enfin pousser un cri.

Elle est dans le lit de Priscille. Cette dernière est réveillée également. Elle se tient à genoux à ses côtés et la regarde d'un air hébété. Ce qui frappe d'abord Anaïs, c'est son regard : il est le même que dans son rêve. Exactement le même. Puis elle voit le couteau qu'elle tient en main : un tout petit couteau, bien plus petit que celui de son cauchemar, mais à la lame très aiguisée.

Et couverte de sang.

C'est son sang : la cuisse droite d'Anaïs est profondément entaillée. Un liquide rouge et épais en coule abondamment et souille les draps.

Priscille tend la main vers elle. Dans un brusque mouvement de recul, Anaïs manque de tomber et bondit hors du lit.

— Non !

La princesse reste sur place, bredouillant des excuses.

— Je... Je voulais juste voir ce que ça fait... Excuse-moi... J'avais besoin de savoir. Je ne le ferai plus, je t'en prie, reste avec moi...

Mais Anaïs ne l'entend déjà plus ; elle court se réfugier dans sa chambre.

MornglassOù les histoires vivent. Découvrez maintenant