Chapitre Deux (intermède)

20 4 0
                                    


Au même moment, bien plus loin de là, quelque part au fond d'un trou, un homme se réveille. Une épaisse couche de gravas poussiéreux le recouvre et il doit batailler pour s'en dégager. Quand enfin il émerge, il n'est pas sorti d'affaire  : il fait tout noir autour de lui et la seule issue semble être cet étroit tunnel presque vertical dont émane une faible lueur.

Il n'a aucune idée d'où il peut bien être.

Il a l'impression d'avoir dormi longtemps, très longtemps.

Son menton est couvert d'une épaisse barbe et ses vêtements sont tellement usés qu'ils tombent en lambeau.

Mais à part ça, ça va  ; il se sent plutôt en forme.

Sans se poser davantage de questions, il entame l'ascension du tunnel, se faufilant dans l'ouverture en s'agrippant aux rochers.

La montée est longue et pénible mais il est vigoureux et, à force de persévérance, il parvient enfin à la lumière du jour.

Il marche un peu, jusqu'à ce qu'il rencontre un paysan occupé dans son champ. Quand je dis «  occupé  », c'est manière de parler car celui-ci ne fait apparemment rien d'autre que contempler le paysage appuyé au manche de son outil en mâchonnant un brin de paille. Il a un air plutôt abruti et pas amical du tout. Cela ne rebute nullement l'homme, qui l'interpelle gaiement en ces mots  :

— Olà, mon brave  ! Le château de Mornglass, s'il vous plaît  !

Le paysan revêche continue de mâcher son brin de paille d'un air laconique, puis il fait un simple geste du bras en guise de réponse. L'homme le remercie avec un large sourire et s'engage dans la direction indiquée.

— Qu' c'est qu' tu veux y faire, à Mornglass  ? demande alors le local.

L'homme s'arrête pour lui répondre  :

— Ce que je veux y faire  ?! Mais rentrer chez moi, pardi  !!

Et il se remet en route dans un grand éclat de rire.


MornglassOù les histoires vivent. Découvrez maintenant