Si vous voulez mon avis, cette histoire est vraiment épouvantable !
Je ferais mieux d'arrêter de vous la raconter. Après tout, il existe des tas d'autres histoires où les jeunes filles ne subissent pas un tel traitement. Rien ne vous oblige à poursuivre cette lecture ! Pourquoi le feriez-vous ? Ne vaudrait-il pas mieux oublier tout ça et tourner d'autres pages ? À quoi bon passer son temps à lire si c'est pour aller de malheurs en malheurs et de trahisons en horreurs ?
Pourquoi ne pas plutôt jouer à Candy Crush, comme n'importe quelle personne saine d'esprit ?
Il est encore temps pour vous d'arrêter.
Car je vous préviens : ça ne va pas s'améliorer.
En plus, on n'est même pas sûr que ça finira bien.
L'action de ce chapitre se déroule dans les sous-sols du château d'Antyla. Les personnes trop sensibles qui souhaiteraient tout de même connaître la suite, feraient mieux de fermer les yeux et de passer directement au chapitre suivant.
*
La voilà revenue dans son pire cauchemar. Sauf que cette fois-ci, c'est réel : elle est bel et bien revenue dans ces caves maudites. Quelle folie lui a pris ? Jamais elle n'aurait dû écouter ce satané chat ! Maintenant, il est trop tard pour faire demi-tour. Il lui a expliqué comment tenir en respect le gardien des lieux : avec de simples morceaux d'oignons, dont elle a pris soin de remplir ses poches. Lemnis ne lui a pas menti : lorsqu'elle s'est retrouvée face au monstre, il a tout de suite reculé, effrayé par l'odeur, puis il s'est enfui en hurlant lorsqu'elle a jeté dans sa direction quelques épluchures. Mais cela ne suffit pas pour la rassurer. Qui sait s'il ne va pas revenir ? Et qui sait s'il n'existe pas quantité d'autres pièges ? Elle cherche le cristal. Le chat lui a plus ou moins décrit à quoi il ressemblait mais il ignore où il se trouve exactement. Ces caves forment un véritable labyrinthe, elle a peur de s'égarer et de ne plus jamais retrouver la sortie. D'un couloir à l'autre, les cris des prisonnières se répercutent contre les parois, générant un fond sonore on ne peut plus angoissant. Équipée d'un bâton de lumière, Anaïs scrute le moindre recoin à la recherche du cristal. Il se trouve sans doute à l'intérieur d'une cellule, lui a dit le chat, qui lui a procuré une clé permettant d'ouvrir les grilles. La voilà donc obligée de passer en revue toutes les cellules les unes après les autres.
Dans la première, une jeune fille allongée sur le ventre est écrasée sous une masse d'acier qui l'emprisonne, comme prise en sandwich dans une broyeuse animée d'un mécanisme répétitif qui lui fait pousser des gémissements.
Aucune trace du cristal.
Autre cellule, autre machine : ici, la victime est maintenue debout, les bras au-dessus de la tête, tandis que des lanières métalliques viennent régulièrement la fouetter par devant et par derrière. Anaïs reste un instant à la contempler. Horrifiée par ce spectacle, elle ne parvient pourtant pas à en détacher ses yeux. La victime lui jette un regard dans lequel se lit principalement de la résignation. Comme si elle s'était habituée à son sort et qu'elle n'espérait même plus s'en sortir. Comme si l'idée même que quelqu'un, un jour, vienne l'aider ne lui effleurait même plus l'esprit. Depuis combien de temps est-elle là ? Impossible de le savoir. Si ça se trouve même, cette malheureuse n'a jamais connu que cela. Anaïs voudrait lui parler, mais elle ne trouve pas les mots. Que dire dans une situation pareille ? « Bonjour, je m'appelle Anaïs » ? Tellement dérisoire. « Courage, tenez le coup ! » À quoi bon ? Tout ce qu'elle peut espérer, c'est que le chat ne lui ait pas menti et qu'elle puisse bientôt mettre fin à tout cela.
Elle passe son chemin.
Dans la cellule suivante, il n'y a personne. La machine reste inoccupée. C'est un siège couvert de ce qui ressemble à des cactus : de petites boules hérissées de fines aiguilles. Anaïs frissonne en pensant que peut-être cette place a été prévue pour elle. Elle ne s'attarde pas.
La salle suivante est la pire. Plus grande que les autres, elle est équipée d'une machine plus complexe. Une jeune fille est maintenue à genoux au centre de celle-ci. Un tuyau lui entre dans la bouche. Sans doute pour la nourrir. Deux autres tuyaux sont reliés à son bassin. Sans doute pour qu'elle puisse satisfaire à ses besoins. Mais le plus horrible, c'est que plusieurs grandes aiguilles pénètrent dans son corps à plusieurs endroits. Elle est ainsi totalement immobilisée, comme clouée à la machine, le moindre mouvement ne pouvant être qu'extrêmement douloureux. Malgré ce traitement inhumain, elle vit, elle respire. Elle a les yeux mi-clos, comme si elle était plongée dans une sorte de coma. Anaïs espère que c'est le cas. Elle espère que son esprit est ailleurs. Mais alors que la machine émet un déclic, la victime semble se réveiller ; elle ouvre grand les yeux et pousse ce qui ressemble le plus à un hurlement, autant que le tuyau qui lui encombre la bouche peut le permettre. Puis elle est prise de convulsions. Tout son corps tremble pendant de longues secondes. Enfin, elle s'apaise et replonge tout doucement dans sa torpeur. C'en est trop pour Anaïs qui est prise de sanglots nerveux. Elle n'a plus qu'une envie : partir d'ici au plus vite ! Mais son attention est attirée par un objet brillant posé non loin. Pas de doute : c'est le cristal.
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Mornglass
FantasyQuand on est princesse dans le monde d'Eles, seize ans, c'est l'âge où tout bascule. Malheureusement pour Priscille, son destin n'est pas celui dont elle avait rêvé. Son amie Anaïs, simple servante, parviendra-t-elle à la sauver ? Dans un monde fant...