Le fantôme de Berbridge

36ème fragment : Elise

LVI- Conversation sur un banc

Après notre libération exceptionnelle, j'ai rejoint Lucy et Maia. Assises sur un des bancs de pierre des jardins du château, je leur raconte tout depuis le début. Ce que m'a dit Ernan, confirmant qu'il a menti à Maia. L'apparition de Hyacinthe. Ses avertissements. La certitude qu'un événement terrible se prépare.

-Je comprends mieux pourquoi vous avez tous l'air de comploteurs, soupire Maia.

-Et pourquoi Loïs et Naël passent leur temps ensemble à la bibliothèque.

Je fronce les sourcils.

-Ca je ne suis pas au courant...

-J'imagine que ton cousin essaie de t'aider à sa façon, soupire Maia.

Je pensais que Naël et Loïs fricotaient, pas qu'ils étudiaient quelque chose en rapport avec cette histoire. J'en parlerais à Naël plus tard.

-En tout cas, merci de m'avoir aidé.

-Evidemment! Je compte bien décrocher mon diplôme sans qu'une tragédie ne vienne me voler la vedette déclare Maia en se redressant.

-Ton sens des priorités est vraiment incroyable, rétorque Lucy en levant les yeux au ciel.

Nous interrompons notre discussion en voyant William se diriger vers nous. Le troisième année a son flegme habituel, ses cheveux bien coiffés et sa cigarette à la bouche. On le dirait droit sorti d'un roman. Je croise le regard de Lucy et son air hilare me fait comprendre qu'elle pense la même chose. Et que dans sa tête à elle ce n'est pas un compliment de ressembler à un personnage rempli de clichés. Il s'approche de nous après avoir jeté son mégot par terre, ce qui me provoque immédiatement de l'antipathie. Que la cour ressemble de plus en plus à un cimetière au fil des jours sans qu'on sache très bien pourquoi c'est une chose, mais il n'est pas obligé de précipiter sa fin.

-Alors comme ça les premières années déclenchent des accidents pendant les cours de potions? C'est une chance qu'il ne soit rien arrivé à personne, ça pendait au nez de cette pauvre Ortellano.

Maia rit et se jette dans ses bras. Je croise le regard de William qui me fait un clin d'œil. Surprise, je ne cherche pas plus en détail la signification de ce geste. J'ai dû l'imaginer.