35ème fragment : Naël

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LV - Comédie

A peine ai-je entendu l'explosion que j'inspire à plein poumons. J'ai l'impression d'avoir mis la tête dans un pot d'échappement et tout se met à vaciller autour de moi. Je sens plus que je n'entends Loïs me faire m'appuyer contre lui pour sortir de la classe. A peine avons nous débouché sur la cour que je vomis mon déjeuner avec une violence qui contracte mon pauvre oesophage. Je ressens la culpabilité de Loïs, mais je le fusille du regard pour lui intimer de calmer un peu ses pensées.

Plusieurs de mes camarades sont mal au point, même si personne n'a été blessé. J'ai vu les herbes et mixtures que Loïs a glissé dans son chaudron, aidé par Maia qui est plutôt douée dans le domaine. De quoi dérouter un peu les possesseurs de Dons. De quoi camoufler un peu des mauvaises intentions. La confusion me rassure. Dans cet état, impossible de lire l'esprit de qui que ce soit. Si je suis comme ça, je n'imagine pas les autres qui n'étaient pas préparés à ça.

-Monsieur Lecendre est-ce que vous allez bien?!

La voix de ma professeure me paraît lointaine.

-Il faudrait l'emmener à l'infirmerie madame.

-Timothée ne se sent pas bien Mme Ortellano!

-Quelqu'un a prévenu le directeur?

Vaseux, je sens Loïs me soutenir contre lui. Je dois avouer que ce n'est pas tout à fait comme ça, dans cet état, que je nous voyais en approfondir notre relation, mais après tout, pourquoi pas?

-Qu'est ce que c'est que ce bordel? Madame Ortellano! Voulez-vous bien m'expliquer ce qui s'est passé ici?!

Je reconnais la voix de Mulberry, même si je ne l'ai jamais vu employer ce ton là. On dirait presque un être humain doté de sentiments. J'ignore depuis combien de temps nous sommes dans la cour, à nous regarder en chien de faïence. Après un moment pénible ou le directeur accable la pauvre Mme Ortellano de remontrances, quand bien même la pauvre rêveuse n'est en rien responsable du petit accident crée par Maia et Loïs, il fait signe au groupe de se disperser, déclarant la fin des cours pour la journée. Après tout, l'un des bâtiments principaux est inutilisable, et plusieurs élèves, dont votre pauvre et humble serviteur, doivent passer quelques heures à l'infirmerie pour se remettre des émanations nauséabondes des potions ratées. Si Mulberry nous soupçonne, il n'en montre rien. L'incident n'est pas assez grave pour provoquer une véritable enquête, et nos cerveaux sont bien trop confus pour y trouver une véritable information. J'ai capté une pensée de Timothée, et le pauvre garçon est convaincu que c'est lui le responsable. Dommage collatéral.

-Je vais t'accompagner jusqu'à l'infirmerie, me murmure Loïs.

Je prends appui sur lui et nous allons clopin-clopant vers le lieu de repos. En franchissant la foule, j'aperçois Elise et Lucy. Cette dernière nous fait un petit signe de victoire. Elise quant à elle se contente d'arborer le même air coupable que depuis ce matin.

Le fantôme de BerbridgeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant