23ème fragment : Elise, Maïa

16 3 1
                                    


XXXIV - Rêves bizarres

-Elise. J'ai rêvé de toi cette nuit.

Cette phrase venant de n'importe qui aurait peu d'importance. Venant d'un rêveur, d'une rêveuse en l'occurrence, c'est plus compliqué. Si un rêveur vous annonce qu'il vous a vu avoir un grave accident de voiture, c'est quand même plus prudent de souscrire à une assurance décès. Alors quand Maia se plante devant moi entre deux cours et me fixe avec ses grands yeux, je sens mon ventre se serrer.

-Oh? J'espère que j'y passais un bon moment, que j'avais de très bonnes notes et que je finissais par vivre dans une petite maison dans la montagne remplie de chats?

-C'est ça tes objectifs de vie? Il va falloir qu'on discute sérieusement de tout ça après.

-Bon, Maia, j'ai cours dans trois minutes, dis-moi.

Elle se racle la gorge et craque ses doigts aux ongles magnifiques.

-C'était très court. Et sache qu'en général je ne raconte pas mes rêves aux principaux concernés. Ça m'a causé un peu trop de problèmes par le passé. Sans oublier les rêves érotiques particulièrement gênants.

-Maia!

-Pardon! Donc tu étais dans la tour Nord. Je crois. Je n'ai pas tout à fait reconnu le décor, mais je crois que les murs y sont légèrement différents. Comme tu le sais,la tour est bien plus vieille que les autres. Et puis c'est fréquent que les lieux ne soient pas tout à fait les mêmes que dans la réalité.

Je hoche la tête et l'enjoint à accélérer le rythme.

-Tu étais dans une pièce circulaire remplie de bougies. Il faisait vraiment très froid, je m'en souviens parce que mes bras étaient couverts de chair de poule. Trois esprits étaient présents. Je ne sais pas qui ils étaient, mais eux te connaissaient.

-Et qu'est ce que je faisais dans cette pièce?

Elle hésite, regarde autour d'elle. Pour la première fois, je la sens un peu hésitante.

-Ecoute Elise, je préférais t'en parler parce qu'on nous dit tout le temps qu'il ne faut pas ignorer ce genre de rêve. Mais ça ne veut rien dire, en plus je ne sais même pas contrôler mon don comme il faut alors...

-Qu'est ce que je faisais dans cette pièce? Je répète, crispée.

-Tu étais morte.


XXXV - Pensées macabres

Je fixe le tableau sans y voir vraiment ce qui y est écrit. Je serre ma plume à en faire blanchir mes articulations.

Elle est un peu bizarre ta copine, elle a peut-être mal vu.

Ou alors elle t'a confondu avec quelqu'un d'autre. Ça arrive, non?

Dans le pire des cas, on sera ravi de t'accueillir parmi nous!

Je pose mon menton dans le creux de ma main et réfléchit. La science des rêves a des loupés. Par exemple, un ami de ma mère qui pratiquait la lecture des rêves lui avait dit qu'elle vivrait jusqu'à 96 ans. A 47 ans près, il avait juste.

Maia est jeune, n'a jamais brillé avec une quelconque prophétie. De mon côté, on ne m'a jamais dit que j'allais mourir jeune.

Manquent les circonstances. A en croire ma camarade, elle n'a vu qu'un corps étendu, pas de sang ni rien qui puisse donner un quelconque indice sur les circonstances du décès.

Tout de suite après notre entrevue, elle s'est rendue au bureau du directeur. Je sais que j'y serais aussi convoqué d'un moment à l'autre pour éclaircir la situation.

Lorsque des coups résonnent contre la porte, je suis prête.

Le fantôme de BerbridgeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant