Le fantôme de Berbridge

54ème fragment : Elise

LXXXIX - Voyage voyage

J'attends la fin des cours dans le couloir du dernier étage du bâtiment principal. J'ai cherché l'emploi du temps des troisièmes années de la spécialité Voyageur. Comme beaucoup de leurs cours de spécialisation, ils ont lieu sur un étage complet.

Depuis que je connais William, seulement quelques semaines donc, je me suis un peu plus renseignée sur les Voyageurs, dépassant les idées préconçues que j'avais à leur encontre.

Leur don est une chose rare, et cet aspect précieux explique le fait qu'ils aient la réputation d'être de petites choses choyées et admirées. En même temps, ce sont les seuls à avoir un étage entier dédié à leur pratique.

Ce qui s'explique aussi par l'envie de ne pas créer d'accident.

La science du Voyage est particulière, régie par ses propres codes, et une âme coincée dans une porte nécessite une intervention rapide et efficace. Les professeurs de cette discipline sont des êtres taciturnes et discrets, tant et si bien que je suis incapable d'en citer un seul.

La cloche finit par résonner et je me relève de la position accroupie qui m'a valu une bonne crampe dans la cuisse gauche. Les voyageurs sortent les uns après les autres. Je peux les compter sur les doigts des mains tant ils sont peu nombreux. Ils ont tous le même physique éthérée et l'air un peu ailleurs. Après quelques visages curieux et des murmures, les élèves finissent par s'éloigner. Suivi du professeur.

Je finis par me demander si William est bien venu en cours aujourd'hui. Au bout de quelques minutes à me demander si je dois rester à patienter, il finit par pointer le bout de son nez. Il ne paraît pas surpris de me voir, peut-être m'a-t-il même vu lors d'un voyage entre deux salles. Il nous est impossible pour nous, non-voyageurs, de voir des âmes. Certains communicants y parviennent, mais ça n'a pas assez d'intérêt pour que cette faculté soit poussée ou enseignée.

-Elise. Tu as réfléchi à notre petite discussion j'imagine?

Je croise les bras, toujours sur la défensive avec lui.

-J'y réfléchis. Mais je n'ai pris aucune décision pour le moment.

Un sourire se forme sur son visage, lui confère un air mutin.

-Tu sais, j'ai peut-être un dernier argument qui pourrait te faire changer d'avis.

-Quoi donc?

-Maïa n'a trouvé que ce que j'ai bien voulu qu'elle voit. Il y a plusieurs pages du carnet de ton ancêtre que j'ai conservé à part.

Mon rythme cardiaque s'accélère.