62ème chapitre : Naël, le groupe, Mulberry

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C- A l'heure où le soleil ne se couche pas

-Il devrait être là, non?

Nous attendons depuis une heure au pied du portail. Il est 18 heures, mais il fait encore jour. Et une chaleur qui n'a rien de normal. Lucy s'évente avec un éventail de papier pendant que Maia fait les cent pas, incapable de se tenir tranquille. Loïs reste à distance. Depuis qu'Elise a décidé de se la jouer reine du côté sombre, on ne s'est pas revu en tête à tête. Je meurs d'envie de reprendre ce que nous avons commencé il a quelques jours, et à cette idée, quelque chose au niveau de mon ventre se tord agréablement. Je tousse pour me reprendre.

Vraiment pas le moment.

La pensée d'Elise en train de trafiquer avec la Source me permet de me concentrer à nouveau. Hier soir encore je ne l'ai pas vu.

-Il faut croire qu'on peut être un spécialiste éminent des Sciences Noires et être incapable de lire l'heure, soupire Lucy. C'est pas incompatible.

Comme pour nous faire taire, j'aperçois Mulberry venir vers nous. Quelques élèves intrigués le suivent du regard. Il a l'air sombre et apporte avec lui trois pelles.

-Je ne savais pas qu'on allait faire du jardinage, marmonne Maia en lui lançant un regard méprisant.

Elle n'a toujours pas digéré leur entrevue de début d'année. C'est une personne fière.

Quand Mulberry arrive à notre hauteur, je m'abstiens de montrer mon anxiété. Il n'avait pas lancé une invitation commune, et la présence des autres n'était pas prévue. Pourtant il n'a pas l'air surpris. Vu le nombre de pelles, je dirais même qu'il savait avant de nous rejoindre. Satanés dons.

Il nous regarde les uns après les autres d'un air satisfait.

-Bien. Mettons nous en route avant que le soleil ne se couche. S'il finit par se coucher à une heure décente, marmonne-t-il en me dépassant.

-Toujours aussi agréable et avenant, chuchote Loïs en me rejoignant.

-Ca lui donne un petit charme, ce côté mystérieux et lugubre...

Il fait mine de vomir et je ris en emboîtant le pas à notre directeur.

CI - Balade en forêt

Nous rejoignons le bourg de Berbridge avant de continuer notre route vers la forêt. Je frissonne en contemplant les arbres qui nous dominent de toute leur hauteur. Mulberry pose sa main sur un des pins, se concentre un peu et reprend son chemin. Nous nous approchons de l'endroit touché par le Directeur. Le milieu du tronc est pourri. Légèrement creusé, d'un noir tirant vers le rouge et rempli d'insectes grouillant. Je mets la main devant la bouche pour contrôler un haut le cœur.

-Il y en a une vingtaine comme ça rien qu'aux abords du bourg, nous lance Mulberry qui nous attend un peu plus loin.

Il semble décidé à enfin briser le silence quand nous revenons vers lui.

-Ceux de Berbridge c'est pareil, bien que ça se voit moins. J'en ai coupé des branches pour vérifier, et elles sont gangrenées par la maladie. J'ai déjà deux fermiers des environs qui sont venus se plaindre et nous demander si l'Académie avait un lien avec tout ça. Ça attire l'attention des normés. Il est temps que ça s'arrête.

-Où est-ce-que vous nous emmenez? Mes chaussures ne sont pas faîtes pour les terrains boueux, lance Maia.

Elle n'a pourtant pas l'air de galérer plus que d'habitude. C'est même un petit miracle qu'avec ses jolies talons elle n'ait aucune difficulté à évoluer dans un milieu aussi hostile que les bois de Berbridge.

Le fantôme de BerbridgeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant