Mini fragment : Naël

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XI- La pension

Elise est déjà en train d'étudier. Nous sommes rentrés depuis à peine deux heures et elle travaille déjà. Ça ne m'étonne pas d'elle, quand elle galère dans quelque chose, il faut qu'elle s'y jette à corps et âme. Avant, au lycée, elle n'en avait pas besoin. Comme tout le monde, il nous faut attendre la majorité avant d'étudier nos dons, puisqu'ils apparaissent généralement à la fin de l'adolescence. Avant, nous sommes juste des élèves normaux, avec des cours normaux, dans des lycées normaux. Et Elise n'a jamais eu de problèmes à étudier la littérature ou la politique. C'est différent pour communiquer avec les morts.

L'ombre de Proserpine, cette surdouée de la discipline, la hante. Elle ne le dit pas, mais je le sais. Quand on côtoie des gens au quotidien, même les médicaments ne bloquent plus rien.

Je soupire, ennuyé par les pensées parasites d'Elise et me rapproche de la fenêtre de la petite chambre que nous louons pour deux. Elle mène du côté rue, sur les pavés et ses promeneurs emmitouflés dans de longs manteaux. L'ambiance est morose, comme toujours dans ce maudit pays. Le temps est presque pire qu'avant notre arrivée, et il n'était déjà pas bien réjouissant.

La gérante de la pension nous a à peine adressé trois mots, et pourtant, vu l'argent qu'elle se fait sur notre dos, elle pourrait être un peu plus aimable. Complètement fermée, elle ne laissait percer aucune émotion lisible. Quand je l'ai fait remarquer à Élise, elle s'est contentée de hausser les épaules et de me désigner un cadre en bois sur le comptoir. Une photo de famille que la gérante s'est empressée de ramener vers elle.

Il faudra que je demande à Élise ce qu'elle en pense quand elle aura fini de s'assommer avec le manuel de l'Académie de Berbridge qui ressemble plus à une brique qu'à un ouvrage décent si vous voulez mon avis.


Le fantôme de BerbridgeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant