NOSTRA / SAGA

41. Talkie-walkie

San- Orelsan

Lyana
Villa, 16h17

Je ne sais combien de temps j'étais restée devant cette lettre, la lire et la relire en boucle ne voulant pas m'avouer la signification qu'elle avait.

C'était ses derniers mots.

Plus j'analysais les mots plus mon état s'empirait, ma respiration était courte, mes sanglots bruyants, mes larmes glacées. Je sentais que je m'enfonçais dans une crise d'angoisse mais je ne voulais pas en sortir, je n'avais pas la force de me battre.

Il allait mourir.
Il allait mourir.
Pour me protéger.
Ma faute.

Je voulais que mon corps entier souffre, je voulais que mon cœur se sente moins seule. Après tout c'était lui qui gardait le corps en vie il devait être soutenu par lui.

Mes membres fourmillaient, mes yeux se coloraient de taches noires, j'avais l'impression que mon cœur allait lâcher.

Il allait mourir.
Il allait mourir.
Il allait mourir.

Je voulais mourir aussi, je ne voulais plus vivre si il ne le faisait pas, je ne pouvais pas continuer si il ne pouvait pas continuer.

Je veux mourir.
Je veux mourir.
Je veux mourir.

-LYANA PUTAIN REPRENDS-TOI !

Je levais la tête vers Hugo en reprenant une grande inspiration, il me secouait par les épaules pour essayer de stopper mon délire. J'essayais de caler mon regard dans le sien mais j'avais un grand mal à le soutenir.

-On a un avion Lyana on part maintenant !

Mon corps se remit en marche, je courais jusqu'à la porte, Hugo à mes trousses. Je l'ouvrais et sprintais jusqu'à la voiture où je me plaçais derrière le volant. Hugo n'avait même pas fermé sa portière que je démarrais déjà, il déposait son téléphone sur le support qui lui était destiné afin que je vois le chemin à prendre.

Il pleuvait, énormément. Une averse violente s'était abattue sur la région comme si la Terre elle-même s'était rendue compte que tout allait mal.

Malgré le fait que je sentais les pneus glisser sur le bitume je continuais à rouler au maximum de la puissance de la voiture. Nous étions collés aux sièges tant la vitesse était importante mais aucun de nous ne voulions décélérer.

Il allait mourir.
Il allait mourir.
Il allait mourir.

-Luca t'en penses quoi ?

Je ne tournais pas la tête vers Hugo, si je quittais la route des yeux nous allions automatiquement faire un accident qui avait de grandes chances d'être mortel.

-Il s'est fait tabasser mais je sais très bien que c'était que pour la photo. Il ne le veut pas.

J'avais entendu la respiration d'Hugo se couper, il n'était pas au courant pour la photo mais il devait s'en douter. Peut-être avait-il refusé de se l'avouer jusqu'ici ?

-Mais qu'est-ce qu'il a avec vous putain ?!

Hugo était presque en train de s'énerver, cette situation nous rendait tous fous. Tout ce qu'on voulait c'était exterminer le même homme, le problème était que l'un de nous allait le faire mais allait périr aussi.

Il allait mourir.
Il allait mourir.
Il allait mourir.

-Ils vont s'en sortir tous les deux.

J'avais sorti cette phrase sans même réfléchir, en vérité je ne voulais pas réfléchir. Tout ça parce que je savais que cette possibilité était pratiquement impossible, nous avions pris trop de retard pour arriver à temps.