NOSTRA / SAGA

42. Imaginer

Strange- Celeste

Alexander
Avion, une heure plus tôt

Bordel j'en étais là.

C'était donc ça ? C'était donc ça la manière dont j'allais mourir ? Au moment où je voulais le moins le faire ?

Et dire que quand elle m'a annoncé qu'elle était enceinte et qu'elle voulait le garder j'avais pensé qu'un nouveau chapitre allait commencer, quel con putain c'était pas un chapitre c'était la fin du livre.

-Je peux pas t'infliger ça...

Mes doigts se resserraient sur sa tête, je voulais lui prouver que j'allais dire la phrase la plus sérieuse que j'avais jamais prononcé.

-Y'a pas d'"infliger" Lyana, tu n'es pas tombée enceinte toute seule.

-Mais Alexander je me vois pas avorter, je supporterai pas.

J'hochais simplement la tête.

-Alors on le garde.

Je le vis sur son visage, elle était dans une incompréhension totale. Elle savait bien que je ne voulais pas d'enfant, et encore moins maintenant, mais... Si, si je voulais un gamin, je le voulais lui. Je voulais la voir avec un ventre rond. Je voulais connaître la panique du « J'ai perdu les os il faut qu'on aille à l'hôpital maintenant. ». Je voulais la voir prendre notre enfant dans ses bras quand elle aura accouché.

Ouais je voulais tout connaître, tout vivre.

Je ricanais en secouant la tête de droite à gauche.

-Putain je vais être papa.

J'y avais cru.
J'y avais vraiment cru.

Luca, Hugo j'ai gagné le parie.
Je suis mort avant trente ans.

Le pire c'était que j'avais uniquement eu le temps d'écrire une lettre à Lyana, j'aurais pu lui écrire un livre entier, un putain de dictionnaire.

Même pour Luca et Hugo.
J'ai pas eu le temps.

À l'époque je croyais que ma vie était trop longue, que chaque jour était le jour de trop, que tout devait s'arrêter le plus vite possible.

Je n'aurais peut-être pas dû tant prier.
Non, j'aurais vraiment pas dû tant prier.
Même pas prier du tout enfaite.

Quel con.

Je voulais vivre, je voulais continuer à exister, plus que jamais je voulais respirer.

Je suis désolé de vous avoir abandonné les gars.
Je suis désolé de t'avoir abandonné Lyana.
Je suis désolé de t'avoir abandonné mon enfant.

C'était pour vous.
Toute cette merde c'était pour vous.

Je sortais mon paquet de cigarettes et m'en allumais une, je l'écrasais contre le siège en cuir blanc et en pris une nouvelle. Par réflexe un ricanement passait la barrière de mes lèvres.

Putain j'allais la faire galérer jusqu'au bout.
En plus de crever je l'avais fait tomber enceinte donc l'empêcher de fumer.

-Oh putain !

La panique me gagna, je saisi ses mains pour la pousser à parler maintenant.

-Je peux plus boire ni même fumer une clope.

Courage Lyana.

Tu peux le faire, je sais que tu peux le faire. Tu es bien plus forte que tu ne le penses. Tu feras la meilleure mère que la Terre ait pu connaître.