CHAPITRE 2 - Le Milanais

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Vingt minutes plus tard, nous arrivâmes devant l'entrée du Milanais. Les façades sombres étaient éclairées par des centaines de petites lucioles artificielles, comme dans un marché de Noël. Ça faisait cliché.

Cette boîte avait ouvert ses portes une trentaine d'années auparavant. D'ordinaire, elle était remplie d'hommes fringants de jeunes femmes fraîches qui n'attendaient que de les exposer à leurs côtés comme des trophées. Ces goujats passaient leurs nuits à pêcher les poissons les plus colorés, et leurs journées à dormir et décuver des dizaines de verres ingurgités chaque soir. J'en avais constaté les dégâts maintes fois.

— Ça fera dix euros, mesdemoiselles, nous interrompit le conducteur du taxi, alors que nous nous apprêtions à sortir du véhicule.

Le regard d'Olivia prit soudain une teinte lubrique. Elle tenta d'amadouer le chauffeur afin de nous laisser le tour gratuit. Elle mit ainsi toutes les chances de son côté et se pencha en avant, dévoilant son sublime et ferme décolleté.

— Mmh... Que diriez-vous de... Commença-t-elle, utilisant un timbre si cristallin qu'il me fit grincer des dents.

Olivia ne prit pas la peine de terminer sa phrase. Le ton employé faisait tout le travail. Elle commença à avancer son torse pour rejoindre le conducteur, mais celui-ci ne sembla pas vouloir entrer dans son jeu. À notre grande surprise, il l'envoya balader d'un ton très autoritaire.

— Vous me faites le coup chaque semaine, Mademoiselle Dubois. Pas la peine. Dix euros, s'il vous plaît, j'ai encore du travail !

Tes talents n'ont plus d'effet sur les hommes, ma vieille ?

Cheh !

Olivia recula dans son siège, visiblement déçue. Mon amie était une vraie bombe sexuelle, aussi n'avait-elle pas l'habitude d'être repoussée. Néanmoins, je riais de cette situation.

— Quel rabat-joie, marmonna Olivia dans sa barbe, en sortant un billet de dix de sa pochette.

L'homme rangea le billet dans son porte-monnaie pendant que nous sortions puis partit rapidement en nous laissant devant l'entrée de la boîte de nuit.

De l'extérieur, nous pouvions déjà entendre le martèlement de centaines de souliers contre le sol de la salle, et la mélodie des différentes œuvres choisies par le Disc-Jockey.

Un videur était planté là, juste devant la porte, chargé de fouiller les sacs à main des femmes afin de s'assurer qu'elles ne transportaient ni objets contondants, ni alcool, ni drogue.

Préservatifs acceptés.

— Bonsoir Olivia, bonsoir Julia. Vos sacs s'il vous plaît, comme d'habitude.

— Mais bien sûr, s'esclaffa Olivia, rajeunissant sa voix de sorte qu'elle sonna comme celle d'une petite fillette chaste et candide.

Si seulement ce pauvre homme savait tout ce que je sais... Il partirait en courant !

Le grand homme musclé fouilla scrupuleusement dans nos sacs, et n'y trouva rien d'intéressant. Son visage s'illumina.

— Vous pouvez y aller, tâchez de passer une bonne soirée !

Nous entrâmes donc dans ce lieu rempli de débauche et de perversité, qui pouvait être considéré comme notre antre et principal lieu de rendez-vous depuis quelques mois. Olivia trouvait toujours un prétexte pour sortir, et moi, je la suivais sans protester. Ces différentes sorties nocturnes me permettaient au moins de m'évader.

Olivia disait que j'étais plongée dans une routine consumante. Je ne m'en rendais pas forcément compte.

La salle était remplie de femmes dans la quarantaine parées et maquillées comme des poupées, et d'hommes encore plus âgés cherchant de quoi se mettre sous la dent.

OJOS OSCUROS Noir DésirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant