CHAPITRE 38 - Les visiteurs

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— T'étais quand même bien arrachée... Me fit remarquer Nicolas en reprenant une cuillerée de pâtes.

Super...

— Oh... Dis pas ça, non... Rouspétai-je en me camouflant le visage sous mon tee-shirt. C'était la honte !

— Ça, j'te le fais pas dire !

Oh, ça va...

Le lendemain matin de cette cuite avait été un calvaire : le mal de tête, les nausées, les crampes dans tout le corps...

Jamais je n'aurais cru me retrouver dans cet état-là. Heureusement, Nicolas avait veillé sur moi toute la nuit. Il avait même tenu mes cheveux pendant que je vomissais mes tripes à trois heures du matin. Décidément, cet homme m'avait vu dans tous mes états.

Le problème, c'était que je devais assumer le lendemain.

Et le lendemain, j'avais eu cours !

Oui, car nous étions en pleine semaine.

Ce vendredi, je n'avais heureusement eu que trois heures de cours - et cela avait suffi.

Quoi qu'il en soit, c'était un vendredi soir paisible. Nicolas avait décidé de revenir passer la nuit ici. Même si je n'avais rien osé lui dire il se doutait bien de mon état intérieur chamboulé. Il avait ainsi pris une douche, et s'était contenté de rester nu dans l'appartement - et ce, même pendant le repas.

Je pouvais ainsi profiter de la vue que cette apparence quasiment parfaite m'offrait. Nous mangions un plat de pâtes au beurre : tout ce qu'il y avait de plus simple, étant donné mes talents nullissimes en cuisine.

— Mmh... Délicieux ! Ironisa-t-il.

— C'est ça, moque-toi !

— Non, je t'assure, c'est succulent, insista-t-il d'un ton ironique avant de reprendre une cuillère.

Personne ne m'avait appris à faire la cuisine : mes parents n'étant jamais là, ils achetaient toujours des tonnes de boîtes de conserve pour que je ne meure pas de faim pendant leurs sorties nocturnes. J'avais visiblement entretenu cet héritage.

— Mmh... Et... Hésita Nicolas en finissant de mâcher ce qu'il avait dans la bouche, prêt à s'étouffer.

— Oui ?

— Il avait l'air étrange, ton élève, non ?

— De qui tu parles ?

Fais l'innocente.

— D'Alejandro. Quand il m'a vu la dernière fois devant la salle des profs, il avait l'air... Déstabilisé. Ou... Choqué. C'était le cas ? M'interrogea-t-il en apportant nos plats vides dans l'évier.

— Je ne sais pas.

— Sérieusement ?

— Tu sais, je ne le connais pas tant que ça, me défendis-je.

— Tu rigoles ? Tu le vois quasiment tous les jours ! Insista-t-il. Et en tête à tête pendant les cours particuliers, qui plus est !

DING DONG

DING DONG

DING DONG

Dieu merci...

Le bruit de la sonnette m'évitait au moins de plonger dans une conversation gênante. Mais après quelques secondes de silence durant lesquelles j'eus une sorte d'absence, je réalisai :

— Qui ça peut être à cette heure-ci ? Demandai-je à Nicolas, comme s'il allait pouvoir m'apporter une réponse.

— Je... J'en sais rien... Comment tu veux qu'je sache ?

OJOS OSCUROS Noir DésirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant