CHAPITRE 33 - Eternelle fin

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Enfin samedi.

C'était maintenant le moment de se détendre.

J'étais accablée de fatigue. Cette fin de semaine avait été une des pires depuis le début de l'année : j'avais passé mon temps à errer comme un fantôme qui ne doit pas se laisser voir.

J'avais traversé les couloirs en courant, de peur de tomber sur Alejandro.

J'avais évité la salle des professeurs, de peur de tomber sur Nicolas.

Mon téléphone était resté en silencieux, juste pour moins culpabiliser à l'idée de ne pas répondre aux appels de ce dernier.

En somme, j'étais devenue une vraie voleuse.

Nous étions donc là, un samedi soir au Milanais, au milieu des couples qui dansaient au rythme d'un doux slow. Ce changement de ton était agréable et me transportait loin des sons latinos qui m'auraient rappelé ma triste vie de perverse notoire.

Les yeux rivés sur les différents corps qui surplombaient la piste de danse, nous dansions collé serré entre amies, faute d'avoir un homme pour nous accompagner. Olivia sentait la rose et le romarin. Un parfum ambré aussi pétillant qu'elle.

Cette femme avait une âme de danseuse : elle avait déjà tenté les cours d'effeuillage, et n'en était ressortie que plus sensuelle et sûre d'elle. Elle attirait les regards, c'était l'évidence même.

Quant à moi, je me faisais toujours aussi discrète. Je n'étais pas ici à la recherche d'un homme à me mettre sous la dent, comme elle, mais plutôt pour me détendre, fioler, puis oublier.

J'avais laissé mon portable à l'appartement : il avait sonné toutes les heures ce jour-là. Sans doute vibrait-il encore sur ma table de nuit, réagissant aux appels incessants de Nicolas.

Que peut-il bien me trouver ?

— Tu sais ce qui est déstabilisant avec toi ? Me demanda soudain Olivia.

— Quoi ?

Elle baissa les yeux vers son décolleté, puis vers mon visage.

— Ah, ça ! M'exclamai-je.

Olivia faisait au moins trois têtes de plus que moi. J'aurais donc pu attraper son téton avec les dents comme bon me semblait. Je ris à gorge déployée.

— Au fait... Tu m'as toujours pas dit ce qu'on foutait là ! Me reprocha soudain mon amie, la bouche en biais, en se déhanchant toujours au rythme de la musique.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Que d'habitude, je dois te traîner ici par la peau du cul. T'étais hyper motivée... D'où ça te vient ?

— Je n'sais pas...

C'est ça, oui...

Olivia se détacha de moi, et en me tenant toujours les mains, se mit à descendre le long de mon corps en ondulant des fesses. Son sourire était radieux, sa tenue merveilleuse.

Je lâchais un petit rire étouffé, puis détournai le regard. Celui-ci se posa instinctivement sur un grand homme d'âge mûr au loin.

Les cheveux grisonnants, il devait avoir dans la quarantaine. Il était tout de même très séduisant, taillé en V, avec une barbe de quelques jours qui renforçait son air sauvageon.

Vêtu d'une chemise blanche entrouverte, celle-ci laissait deviner les poils fournis de son torse. Son pantalon de costume bleu marine lui seyait parfaitement et, orné d'une ceinture dorée, faisait ressortir son fessier protubérant que je voyais de profil. Il avait des mains puissantes, même de loin. Elles étaient couvertes de veines larges.

OJOS OSCUROS Noir DésirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant