CHAPITRE 29 - Par-delà les murs

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— Oh... Encore...

J'appuyai sur mon réveil pour qu'il la ferme une bonne fois pour toute. Je connaissais des centaines de personnes qui mettaient des dizaines de réveils à dix minutes d'intervalle, juste pour être sûres de ne pas se rendormir.

Me concernant, j'étais certaine de rester éveillée.

J'ouvris complètement les yeux et fis face à ma fenêtre qui reflétait les rayons du soleil. Il avait l'air de faire bon dehors. Mais c'était loin d'être une bonne journée.

Je savais bien que dès mon arrivée au lycée, je me ferais harponner par Monsieur Giordano ou par un de ses acolytes.

La veille, j'avais décidé d'annuler le cours de français d'Alejandro, sans demander la permission à mes supérieurs. J'allais devoir en assumer les conséquences.

Mort imminente.

Profitez de vos derniers instants.

***

Nous étions mardi.

Le mardi 4 avril.

Le mardi de la fin de ma vie.

Ou du début de ma mort, ça dépend comme on voit les choses...

— Bon allez, Julia... Mourir t'épargnera au moins la confrontation avec Alejandro... Songeai-je encore emmitouflée sous les couvertures.

Je me levai d'un bond et descendis les escaliers, plus motivée que jamais à perdre la vie. Le portable dans la main, je checkaimes appels manqués : personne n'avait cherché à me joindre. C'était déjà ça, je pourrais partir en paix. Je n'avais plus que faire des menaces, des regards malveillants de mes supérieurs et des élèves. Je souhaitais en finir avec cette année merdique.

Une fois habillée, je pris ma voiture, et me dirigeai vers le lycée. Sur la route, j'achetai un petit encas, n'ayant même pas pris le temps de petit-déjeuner. J'avais jeté mon dévolu sur un sandwich dont l'emballage m'avait plu. Aucune idée de ce qui se trouvait à l'intérieur.

Un sandwich le matin...

Et pourquoi pas ?

Juste après être sortie de la boulangerie, j'avais tout de même ouvert le sachet et enfoui mon nez à l'intérieur afin de renifler ce qui s'y trouvait à l'intérieur. L'huile puante marinait dans le plastique, ainsi que les pauvres tomates datant d'au moins deux jours, toutes fripées. Quelques feuilles de salade trainaient ça et là, recouvrant des morceaux de poulet grillé.

Quel super choix !

La journée s'annonçait encore plus ignoble que celle de la veille.

Shit.

Et nous n'étions que le début de la semaine : j'avais encore trois longues journées à tirer avant d'espérer me changer les idées et m'étaler sur mon canapé comme une grosse larve.

Mon sac de prof sur l'épaule, je refermai mon véhicule et me dirigeai à pied vers l'entrée du lycée, avec une envie curieuse de me jeter sous les roues d'une voiture qui passait là.

Ressaisis-toi, ma vieille.

Je marchai lentement, comme si je souhaitais au fond de moi reculer l'instant où j'allais mourir étranglée par notre proviseur. Puis lorsque je passai la porte d'entrée du hall, je décidai de tracer droit pour rejoindre directement les escaliers, et éviter de croiser mes supérieurs qui se trouvaient déjà dans leurs bureaux respectifs, à quelques mètres de là.

OJOS OSCUROS Noir DésirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant