CHAPITRE 19 - Tu es ma proie

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— Bon alors... Pour une « pièce de théâtre », on dit « obra de teatro ». Pour une « scène », c'est « una escena ». Pour un « acte », un « acto ». Bon... Pas trop compliqué jusque là. Oh bordel... Comment on dit ça, là... Oh c'est la merde... Ah si, c'est bon. Non, c'est pas bon... Oh et comment ça se prononce, cette connerie ?! Chiottes !!!!

Je tapais de plus en plus fort sur les touches de mon ordinateur portable, de sorte que le A et le J commencèrent à oublier de répondre à mes sollicitations. Le bouton Suppr faisait également des siennes, et je commençais à désespérer de terminer cette activité lassante.

— Oh putain... Et allez, encore une fois... Prononciation imprononçable... C'est une plaisanterie ?! Mais BORDEL, J'EN AI MARRE !!! C'est quoi cette langue ?! Bon voyons voir...

Je n'avais jamais été aussi concentrée sur ce que je faisais. Je n'acceptais aucun bruit alentour. Ni le chant des oiseaux, ni les mélodies d'une chanson orientale, ni le vrombissement des moteurs à l'extérieur... Rien. Je m'isolais volontairement, des boules Quiès dans les oreilles, afin d'être le plus productive possible.

— HEEEEEEEEY MA P'TITE CHÉRIE ! Me hurla-t-on tout à coup, interrompant ma bataille contre mon site de traduction - et contre moi-même, par la même occasion.

Je levai la tête de mon écran d'ordinateur et aperçut le visage fripé d'Olivia écrasé contre la vitre - encore. Elle avait dû crier tellement fort, pour que je l'entende. Celle-là se pointait toujours au moment où je n'avais pas une seconde à moi. Elle avait pris la sale habitude de poser son visage plein de fond de teint sur mes vitres propres.

Je devrais te faire lécher les vitres, connasse...

— LA PORTE EST OUVERTE, lui hurlai-je à mon tour, en lui montrant la porte d'entrée du doigt.

Mon amie contourna les murs de l'appartement, puis abaissa la poignée. Elle était d'une élégance sans pareille. Portant une robe moulante gris clair assez courte, ses jambes longues et sveltes étaient étrangement mises en valeur.

— Tu vas bien, ma puce ? Me demanda-t-elle, pleine d'entrain. Mais... Tu portes des Quiès ? T'es malade ?

— Ça va... Je bosse. J'voulais pas que les bruits me déconcentrent...

— Et tu bosses quoi ? Si je puis me permettre d'entrer dans ta sphère intime... Me provoqua-t-elle.

Elle vint s'asseoir sur le divan juste à côté de moi. Je ne pris pas la peine de lever la tête, nous n'en étions plus là. Je continuai mon apprentissage et faisais mes fiches de vocabulaire, en lien avec ma séquence sur le théâtre.

— Heu... L'espagnol.

— Pourquoi faire ?

Je ne répondis rien, me contentant de lever les yeux vers elle et lui lançant un regard en biais. Un profond soupir sortit de mon corps malgré moi.

— Ah, mais oui ! Ça me revient ! Tu devais recevoir un nouvel élève, tu m'en as parlé la dernière fois...

Je continuai mon activité, tandis qu'Olivia alla se servir un immense verre d'eau, et sortit un paquet de Cornflakes du placard. Puis elle revint s'asseoir, me faisant perdre le fil. Le bruit de ses mastications et le claquement de la salive dans sa bouche me donnèrent des haut-le-cœur.

Dieu merci, elle interrompit vite le silence pour faire ses commérages habituels.

— Tu l'as déjà rencontré ?

— Qui ?

— Mais ton nouvel élève !!!! Insista-t-elle en haussant quelque peu le ton, voyant que j'avais du mal à me concentrer sur ses paroles.

OJOS OSCUROS Noir DésirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant