OJOS OSCUROS Noir Désir

CHAPITRE 28 - Avant que mes ailes ne brulent

Le lendemain matin, mon réveil fut le doux son de l'appel d'Olivia dans mon téléphone portable. Lorsque j'ouvris les yeux, les rayons du soleil envahirent mes orbites, de sorte que je devins instantanément aveugle.

— Allô ? Dis-je après avoir enfin réussi à décrocher, après quatre appels de sa part.

— Coucou ma chérie ! Oh dis, faut que je te raconte ma soirée d'hier !

Et elle me réveille pour une histoire de queue...

— Mmh... Bougonnai-je en signe d'approbation.

— Je me suis tapé UN MEC ! Oh t'imagines pas le bon coup ! Et il avait UNE QUEUE !

— Mmh...

— Un ANACONDA ! J'te mens pas Julia !

— Mmh mmh...

— Écoute bien.

— J'écoute... Soupirai-je.

J'aimais Olivia. Sincèrement. Mais à cet instant précis, je la détestais. Une vraie relation passionnelle.

— Je sors boire un verre avec Camille au Milanais. Là, le mec m'offre un verre et me chauffe. Je me laisse tenter, et il me ramène chez lui. Et LÀ ! Quand il descend son pantalon, j'vois le truc... Ah j'me suis dis "Ça y est Olivia, là tu vas vraiment canner".

— Mmh... Et tu m'appelles pour me raconter ta baise ? Me plaignis-je. Je dormais, Oli'...

— Oh ! Tu vas pas me dire que tu comptais faire la grasse mat' ! T'as cours j'te rappelle.

— Oh, merci de me le rappeler...

Nous continuâmes à discuter pendant une bonne dizaine de minutes. Minutes durant lesquelles Olivia me dévoila tous les détails de sa fameuse soirée de jambes en l'air, en passant par les préliminaires faits de doigts, de langues et de chantilly, puis par le coït infernal dans toutes les pièces de son appartement, en terminant par sa difficulté à se relever suite à ce qu'elle appelait son "pétage de cul intensif". Puis en guise de conclusion, elle me lança la fameuse demande habituelle :

— Bon... Tu me rejoins au bar pour boire un café ?

Comme d'ordinaire, je devais la rejoindre au bar d'en face, à seulement deux pas de chez moi - et encore.

Alors je me dépêchai de me préparer pour la rejoindre, afin qu'elle termine son récit croustillant. Avec elle, ça n'en finissait jamais. Après un bon café serré, j'allais être apte à l'écouter d'une oreille attentive. Lorsqu'enfin, je fus sortie de l'immeuble, elle me harponna comme un petit poisson :

— Hey ! Coucou ma belle ! S'émerveilla-t-elle lorsqu'elle me vit fermer ma porte à clé, de l'autre côté de la route.

— Coucou ! J'arrive ! M'extasiai-je en retour, en prenant soin de ranger mes clés dans mon sac de cours - il allait falloir que je décolle juste après ma dernière gorgée de caféine.

Je traversai la route rapidement, en trottinant, ce qui me valu les moqueries d'Olivia. Et je n'eus pas le temps d'arriver devant elle et de poser mon postérieur proéminent sur la chaise, qu'elle déballa le fond de sa pensée.

— T'as une mine affreuse.

— Merci. Sincèrement, merci.

— T'es sûre que ça va ? S'inquiéta-t-elle.

Non.

Pas du tout.

— Ça va. J'ai juste mal dormi... Mentis-je.