CHAPITRE 64 - Balance ton porc

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C'était le grand jour.

Une journée libératrice.

J'avais donné mon dernier cours aux Seconde 2 ce matin-là. Ce fut une épreuve innommable, signe de John Kramer. Alejandro était la pièce maitresse de mon malheur, toujours assis devant, juste devant moi. Il avait tenté maintes et maintes fois de m'envoyer des signes discrètement, d'attirer mon attention par tous les moyens, au point de m'envoyer des messages en plein cours.

"Regarde-moi, mi amor..."


"Moriria por una mirada..."

"O por un beso..."

"Te quiero..."

Je ne supportais plus ces messages d'amour qu'il m'envoyait au jour le jour. Je ne supportais plus son regard. Je ne supportais plus son visage, ni son corps.

Je mourrais pour un regard ou pour un baiser.

Rien n'était pire que de désirer toutes ces choses, sans pouvoir les réaliser.

DRING

DRING

DRING

Je m'efforçais de ne pas le regarder.

Mais rapidement, les élèves déguerpirent de la salle. Je m'assis à mon ordinateur, et rentrai les informations de notre dernière séance sur Pronote. Mais tout à coup, croyant être seule, je vis une ombre du coin de l'œil. Je n'avais pas besoin de relever les yeux pour savoir de qui il s'agissait.

— Mor... M'implora-t-il.

— Alejandro, no quiero hablar contigo.

— Pero, linda... Escuchame...

— No. No te escucho.

— Al menos, explícame por qué me dejes así... Cuando pasamos un momento de sueño justo antes, en el agua... Lo recuerdas, verdad ?

— Je m'en souviens. Mais... Alejandro, c'est fini...

Je retenais mes larmes et baissai les yeux. Je joins mes mains au niveau de mon ventre pour empêcher la crise d'angoisse qui menaçait de m'envahir d'exploser.

— Laisse-moi...

— Qué... ?

— Dejame. Te lo ruego... Tengo trabajo, lui dis-je sèchement. Je n'ai pas besoin de toi...

Alejandro fit un pas en arrière, puis se retourna pour me laisser seule avec mes pensées.

***

Je regardai l'heure sur ma montre : 17h35.

Il était déjà tard, mais j'avais eu beaucoup de travail à rattraper sur Pronote. Ainsi, j'étais restée enfermée dans ma salle pendant que mes collègues désertaient leur poste.

Finis la déprime et les remords !

Quand faut y aller, faut y aller !

J'avais pris une des décisions les plus importantes de ma vie quelques jours plus tôt. J'allais enfin régler les choses de manière concrète.

Alors, une fois que j'eus terminé mon travail, je fermai la porte de la B45 et descendis les escaliers pour me retrouver dans le hall principal de l'établissement.

Rien qu'à l'idée de voir le visage de notre proviseur, j'en avais des nausées. Je savais, au fond de moi, que tout n'allait pas se dérouler comme prévu. J'avais l'intime conviction qu'il n'allait pas jeter l'éponge comme ça.

OJOS OSCUROS Noir DésirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant