CHAPITRE 16 - Nouvel horizon

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— Non... Tu peux pas faire ça, Julia ! J'te laisserai pas foutre ta carrière en l'air, et qui plus est, la première année !

Olivia tentait de me résonner depuis plus de deux heures. Elle était passée à l'appartement le soir-même, s'inquiétant en recevant mon appel de détresse.

Il était 23h50 et je devais retourner au lycée le lendemain à huit heures. J'allais être crevée.

Malgré tout, la présence d'Olivia me faisait un peu de bien. De toute manière, je n'aurais pas pu fermer l'œil de la nuit. Voyant la détresse de mon amie face à mon choix qu'elle considérait comme irréfléchi, je tentai une approche.

— Olivia... Je...

— Non, non, NON ! J'insiste !

Et merde.

Encore raté.

De toute manière, il ne fallait pas s'attendre à grand chose avec cet esprit borné.

Elle s'assit avec violence sur le canapé à ma droite, ce qui créa une onde de choc dans le cuir matelassé. Elle prit mes mains dans les siennes. Le ton de sa voix s'apaisa.

— Écoute-moi Julia... Écoute-moi bien.

— Je t'écoute, dis-je sans réellement y croire.

— Tu commences juste ta carrière, continua-t-elle.

— Mais... Tentai-je de protester.

— TAIS-TOI ! Cria-t-elle, avant d'inspirer lentement et de reprendre un ton calme. Écoute-moi bien, tu réagiras plus tard. Tu as fait cinq ans d'études pour devenir prof de français. Cinq ans d'études ! Tu peux pas tout abandonner et perdre ton diplôme pour une bande de ploucs dans leur genre... Tu as travaillé dur pour arriver jusqu'ici. T'es pas d'accord ?

Je ne répondis pas, me contentant de retirer mes mains tremblantes de son étreinte pour attraper ma tasse de thé.

Quelques larmes coulaient sur mes joues. Le silence qui pesait dans l'appartement était lourd. Seules les sanglots qui ruisselaient sur mon visage se laissaient entendre.

Plic. Ploc.

Ils embrassaient le parquet dans une dernière étreinte légère avant de s'éteindre.

Je n'étais plus qu'une coquille vide. La passion et le souffle de vie qui m'animaient jadis avaient volé en éclats. À l'intérieur de mon cœur, plus aucune flamme n'éclairait mon horizon.

— Julia...? M'interpella Olivia, triste.

Je ne dis mot, restant plongée dans mon esprit et mes souvenirs, refaisant le monde et ma vie tout entière. Je lui adressai néanmoins un coup d'œil. Et, en voyant mon attitude et mon teint blafard, elle enchaîna :

— Julia... Ma puce... Il faut te ressaisir... Et vite !

— J'suis pas assez forte... Balbutiai-je.

— Comment ça, pas assez forte ? M'interrogea-t-elle.

— J'suis pas assez forte. J'peux pas être plus claire, Oli'.

— Mais...

— Et j'ai pas envie de l'être, la coupai-je à mon tour. J'me sens pas capable de passer ma carrière à faire le flic !

— Comment ça, le flic ?

— Tu sais bien... Si j'ai choisi d'être prof, c'était parce que j'étais passionnée...

Mes larmes coulèrent en cascade sur mon visage, sans que je ne pusse les retenir.

— Ma puce... Tu es de loin la femme la plus forte que je connaisse !

OJOS OSCUROS Noir DésirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant