CHAPITRE 25 - Le conseil de discipline

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C'était le grand jour.

Je m'étais parée de ma tenue la plus professionnelle pour me rendre à ce fameux conseil de discipline. Parée d'une jolie robe relativement sobre et d'une veste de costume bleu électrique, j'étais prête à me défendre. Je n'avais qu'un seul objectif : protéger Alejandro. Il était ma priorité, lui qui s'était donné corps et âme pour me secourir face à mon agresseur.

"Mon agresseur"...

T'exagères pas un peu ?

Quelques jours plus tôt, je buvais des dizaines de litres d'alcool pour oublier cet incident, et voilà que je me retrouvais à devoir y repenser, et surtout le revivre.

J'étais assise sur un siège qui devait m'offrir tout le confort dont j'avais besoin pour survivre à ces trois heures de torture, mais mon dos et mes fesses étaient endoloris.

Mes chaussures à talons me faisaient mal aux pieds.

Mon chignon tirait mes cheveux à l'arrière de mon crâne, ce qui me vaudrait certainement une migraine terrible.

Ma ceinture me comprimait le ventre – ce ventre bien repu qui avait englouti tout un paquet de cornflakes peu avant mon arrivée.

Nous étions lundi matin et je n'étais pas prête.

Mon cerveau était en mode off depuis des jours, me laissant ainsi errer dans ma misérable demeure comme un loup solitaire, ne cherchant qu'à survivre au sein d'une société hostile. Je sentais le poids des heures qui passaient sur mes épaules. Celles-ci m'écrasaient comme une punaise sur un parquet.

— Bonjour à tous.

Nous répondîmes tous en chœur.

Tous présents à huit heures pétantes, nous étions assis en rond dans une grande salle de réunion munie d'une vidéoprojecteur immense, utilisé jadis pour les conseils de classe. Cette pièce avait récemment été abandonnée au profit d'une salle de technologie, dont les bureaux étaient plus conséquents.

J'avais l'impression de me trouver dans un tribunal pour jeunes délinquants. Après tout, le but de ces conseils de disciplines était uniquement de donner une sanction aux élèves. Aucune échappatoire. Aucune excuse.

Notre proviseur s'était bien préparé pour l'occasion : un costume noir représentant l'autorité, une cravate rouge - symbole de sa fureur envers les élèves ne respectant pas les règles de son établissement - et sa grosse tête bien ronde ressemblant à de la gelée.

— Je me présente pour ceux qui ne me connaîtraient pas encore, je suis Monsieur Giordano, le proviseur, commença-t-il, avant de montrer du doigt chacune des personnes présentes. Voici mon adjointe, Madame Goncourt, que vous connaissez tous, la CPE, Madame Grangeat, et enfin, Monsieur Charampion, notre gestionnaire.

Tous les autres membres du conseil hochèrent la tête en guise d'approbation. Quant à moi, je restais stoïque, par peur de me faire remarquer. Je n'aimais pas être au centre de l'attention. Et pourtant, j'allais me retrouver dans la ligne de mire de Yanis, qui allait sans doute tout faire pour défendre sa cause. Et visiblement, je l'étais déjà, si j'en jugeais par le visage méprisant qui se trouvait en face de moi.

— Nous sommes également en présence de Monsieur Milli, professeur d'histoire, et de Madame Meyer, qui vient également en tant que professeure représentante de la classe de Seconde 2.

À l'écoute de mon nom, mon cœur se mit à battre la chamade. Ses battements résonnaient jusque dans mon crâne, et jusque dans mon estomac.

Je relevai ainsi la tête, et aperçus en face de moi le père de Yanis, qui me fixait d'un regard nauséabond. Ce grand homme avait déjà fait des siennes dans l'établissement, et je craignais le pire.

OJOS OSCUROS Noir DésirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant