Je percevais le crissement de chacun de mes pas lourds sur le carrelage du hall d'entrée. Revenant de la vie scolaire où j'avais dû régler une légère maladresse - car il fallait toujours gérer pour les autres - je me dirigeai vers mon bureau. La journée avait été bien longue, et elle était malheureusement loin d'être terminée.
J'avais dû superviser une dizaine de réunions hasardeuses, dont les solutions n'avaient finalement pas été trouvées. J'avais trié des centaines de papiers. J'avais supplée l'incompétence de mes collègues...
J'étais celui que l'on appelait en cas de problème. Celui qui était le seul à pouvoir faire avancer la barque géante qu'était notre établissement.
J'ouvris la lourde porte du couloir administratif, puis passai devant le bureau de ma secrétaire, qui travaillait d'arrache-pied depuis des années, contrairement à la plupart de l'équipe. J'avais un service à lui demander. Et pas des moindres. Et ce service, je le préparais depuis des semaines.
— Madame Jancond, pourriez-vous me faire parvenir l'emploi du temps de Madame Meyer ? Lui demandai-je alors, la faisant sursauter.
Elle prit quelques secondes pour se remettre de ses émotions, me faisant encore perdre mon temps, comme elle avait l'habitude de le faire.
— Heu... Oui... Tout de suite, Monsieur !
Enfin !
C'était pas trop tôt. N'avais-je que cela à faire que d'attendre une réponse somme toute simplissime ?
— Vous le déposerez dans mon bureau. J'ai rendez-vous.
Mais avant même que la jeune femme ne pût répondre, je refermai la porte.
Je me dirigeai rapidement vers la salle de réunion, qui se trouvait au fond du couloir à droite. En prenant le temps de poser chaque pas sur ce sol délabré qui faisait de notre collège la risée du département, j'eus une pensée pour notre nouvelle professeure de français...
Ah, Julia.
Julia Meyer.
Dès l'instant où j'avais posé les yeux sur elle, j'avais été empli d'un désir ardent. Une ardeur incontrôlable. Son regard affichait un bleu renversant et ses cheveux étaient blonds comme les blés. Son visage, dont les traits étaient si réguliers, me faisait voyager. Elle était angélique avec ses joues roses.
Surtout timide, et manipulable.
À l'instant même où mon regard s'était posé sur elle pour la première fois, il avait fallu que je la touche, que ma peau entre en contact avec la sienne. Il avait fallu que je la possède.
Cette jeune femme débutante n'avait aucune conscience de ce que j'aurais pu lui faire. Aucune. Et le plus excitant dans cette histoire, c'était qu'elle n'était pas en mesure de protester. Non.
J'étais sa porte d'entrée dans le monde du travail. J'étais la personnalisation de sa place dans l'Education Nationale. Sans moi, elle n'était rien. Et elle se serait jamais rien.
J'arrivai devant la porte jaunâtre de la salle de réunion et je fus surpris de voir qu'ils m'attendaient déjà. Ils étaient assis tous les deux, de dos. Le silence régnait dans la pièce : je ne percevais aucun mouvement de leur part.
En tout cas, ils n'ont pas perdu de temps.
— Ah... Pour une fois que les gens sont à l'heure à un rendez-vous... Quelle superbe journée en perspective... Marmonnai-je ironiquement dans ma barbe, veillant à ce que personne ne se trouve derrière moi.
Je détestais ce genre de rendez-vous, durant lesquels je devais toujours faire bonne figure et présenter notre établissement comme un Eldorado.
Je remis ma veste de costume en place, replaçai mes lunettes, et entrai dans la pièce sans frapper.
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OJOS OSCUROS Noir Désir
Roman d'amourHISTOIRE CORRIGÉE!!! "Le meilleur moyen de résister à la tentation, c'est d'y céder." Julia Meyer, fraîchement diplômée, débarque dans un établissement de banlieue pour y enseigner le français. Fuyant une vie de famille envahissante, elle décide de...