CHAPITRE 49 - Près du coeur

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Lundi 2 mai.

J'avais l'impression de ne pas avoir vu passer ces deux semaines de vacances. J'en étais toujours au même point : physiquement fatiguée, mentalement épuisée, le cœur fracassé.

Je n'avais que peu de cours ce jour-là. Fort heureusement. J'avais attaqué ma journée à neuf heures, et la finissait à quatorze heures.

Les cours du matin s'étaient bien déroulés : que des contrôles. Parfois, j'aimais attaquer la semaine avec des devoirs sur table, histoire de ne pas trop travailler et pouvoir me reposer.

Après tout...

J'ai assez bossé durant mes études.

À eux de se bouger, maintenant !

Ça, c'était ma vengeance personnelle. Et pendant que ces mollusques se creusaient les méninges, je pouvais vaquer à mes occupations diverses : rentrer les devoirs sur Pronote, préparer mes documents, vagabonder sur internet, ou même écrire comme je le faisais parfois, à mes heures perdues.

— Midi trente...

Courage, ma vieille.

Aujourd'hui était un jour spécial : LE grand jour.

Je savais que je devais parler à Alejandro, mettre toute cette histoire au clair. J'avais fait l'erreur de me laisser porter par son petit manège sans penser aux conséquences, et pourtant, il fallait bien affronter la situation, aussi compliquée fusse-t-elle.

Et même si je sentais que c'était Alejandro qui tenait les rênes, je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était moi l'adulte, et que c'était moi qui le manipulais comme l'enfant innocent qu'il était. Et pourtant...

Oh, il est si doué...

— Pfiou ! Soufflai-je pour me donner du courage, en me chuchotant à moi-même. Allez, arrête de penser à ça et vois-le tel qu'il est !

C'est parti.

Pour rejoindre le self, les élèves devaient forcément passer par le couloir dans lequel se trouvait la salle des professeurs. Je savais donc qu'Alejandro allait passer par ici. Et je ne le connaissais que trop bien pour savoir qu'il allait passer dans les derniers, lui qui ne se mettait jamais la pression.

J'attendis donc patiemment en tapant du pied par terre de temps à autre pour évacuer mon stress.

Et tout à coup, après avoir épié la plupart des adolescents de l'établissement en en entendant des vertes et des pas mûres, je vis Alejandro s'approcher. Les mains dans les poches, il affichait une démarche ferme et assurée, tout en prenant son temps.

Il est de plus en plus beau, de jour en jour...

Je l'interpellai au moment où il passait devant la porte de la salle dans laquelle je me trouvais – celle dans laquelle se trouvaient les imprimantes :

— Pssssst !

Le jeune homme regarda dans tous les coins, avant de voir mon visage derrière la porte fermée aux trois quarts.

— Oh... Murmura-t-il en s'approchant lentement sur la pointe des pieds.

Et tu te crois discret ?

— Alejandro...

— Si ?

— Viens !

Je lui indiquai de me rejoindre avec un geste de la main. Puis après avoir vérifié que personne ne pouvait le voir entrer, il pénétra dans la pièce, et je refermai la porte à double tour derrière lui, pour que l'on ne soit pas dérangés.

OJOS OSCUROS Noir DésirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant