CHAPITRE 42 - Embrasse-moi

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Il ne restait que quelques jours avant les vacances d'avril.

J'avais hâte, j'étais épuisée.

Non pas que les cours fussent particulièrement difficiles à assurer, mais parce que les récents évènements avaient été hautement énergivores.

Le premier cours que je devais donner était celui des Seconde 2. Et pour être honnête, j'allais devoir improviser un peu. J'avais passé la soirée à préparer les contrôles de fin de semaine, et j'en avais oublié de préparer la leçon du jour.

Quelle quiche !

Nicolas m'avait envoyé un message pour m'informer qu'il passerait me voir le soir-même pour s'expliquer. Je ne savais pas encore si je comptais lui donner cette chance, ou si j'allais disparaître de son existence pour de bon. Vu la situation et le chamboulement dans ma tête, la seconde option aurait été plus judicieuse. Je décidai tout de même d'écouter mon cœur d'enfant, et de voir le bon côté en lui...

Quelle naïveté, tu le sais, ça ?

Oui. J'en suis conscience.

Et je fonce encore dedans.

Peu importe.

Mes pensées s'embrouillaient. Je devais toutefois me ressaisir et faire fonctionner mon cerveau en mode travail.

Alors, juste après que la sonnerie ait résonné entre les murs du lycée, je fis entrer les trente élèves dans la salle.

Encore les Seconde 2...

J'avais l'impression de ne vivre que pour eux depuis quelques temps. Et c'était peut-être vrai. Ils avaient beaucoup plus d'heures de français que les classes de Première et de Terminale.

Je fis entrer les mollusques flasques dans la B45 juste après que la sonnerie ait retenti dans les locaux, et ils s'assirent les uns après les autres. Je décidai, ce jour-là, de ne pas croiser le regard d'Alejandro. C'aurait été insupportable, surtout vu les circonstances.

— Bon, j'espère que vous allez tous bien. On va continuer avec l'analyse de la pièce que je vous ai montré la fois dernière. Normalement, vous avez dû terminer les questions pour aujourd'hui.

La plupart hochèrent la tête.

— Très bien. C'est parti, qui me donne la réponse à la première question ?

J'aimais enseigner. Depuis toute petite, mon grand-père m'avait dit de choisir un métier dans lequel je me sentirais vivante. Et c'était là qu'était ma place. Même si j'en avais douté. Même si parfois, c'était loin d'être aisé.

Apprendre, partager ses connaissances à des adolescents était une grande fierté.

Ma fierté.

Le seul problème d'envergure se résumait en fin de compte à une seule personne : Alejandro.

Ce jeune homme que je tentais désespérément d'éviter.

Ce corps que j'essayais de ne pas voir.

Ces yeux noirs dans lesquels j'essayais désespérément d'y effacer mon propre reflet.

***

La sonnerie retentit vite.

— Déjà ?! S'exclamèrent en chœur plusieurs élèves au fond de la salle.

— Oui, déjà. Contente de savoir que vous ne vous ennuyez pas, gloussai-je, ravie. Vous pouvez ranger vos affaires. À demain !

Je saluai chacun d'entre eux et patientai jusqu'à ce qu'ils sortent de la pièce, pour enfin me retrouver seule. Chaque professeur, chaque adolescent, chaque membre du personnel allait bientôt descendre dans la cour, ou se retrouver en salle des professeurs pour se détendre pendant ces quinze minutes de répit qu'était la récréation. J'interpellai le dernier élève sortant de la salle :

OJOS OSCUROS Noir DésirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant