CHAPITRE 57 - Un océan de secrets

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Il était presque vingt-trois heures.

Cela faisait des heures que nous étions là, blottis l'un contre l'autre, à discuter. Nous avions pris la décision de sortir près de chez moi pour nous balader à la belle étoile, puis lorsqu'Alejandro avait aperçu le parc – oui, le fameux parc dans lequel je m'étais envoyée en l'air avec le Précoce – il m'avait supplié de l'emmener le visiter.

Nous étions donc là, couchés sur un tapis de fleurs sauvages, ma tête posée dans le creux de son épaule, une de mes paumes sur sa poitrine. Nous n'avions encore jamais profité des effluves de la nature. En vérité, nous n'avions jamais passé les quatre murs de mon appartement, si ce n'était mon lieu de travail.

Quand j'y pense...

Cernés par les arbres majestueux alignés le long des routes, nous étions deux amants en perdition, profitant d'une soirée encore cachés aux yeux du monde.

Les prunelles fixées vers le ciel, j'admirais les milliers de boules de feu flamboyantes qui le jonchaient. Nous étions vraiment seuls dans la pénombre. La brise fouettait doucement nos joues.

Et dire que quelques heures plus tôt, je me faisais défoncer la rondelle par sa grosse bite.

Oh, quelle vulgarité !

Ça aussi, quand j'y pense...

Je pouvais d'ores et déjà sentir mes joues rougir de l'intérieur, rien qu'en y pensant.

Ça ne me ressemblait pas du tout. Jadis, j'étais une femme prude, qui avait du mal à se donner. Mais à force de voir ma vie contrôlée par mes tiers, j'avais décidé de me laisser aller à mes moindres désirs. Ouvrir les cuisses pour la première fois n'avait pas été chose aisée. Mais je m'étais plutôt bien dévergondée, quelques années plus tard.

Seulement... Ça, c'était un cran au-dessus.

— Alejandro... ?

— Dime.

— Comment on va faire ?

— Comment on va fairrre quoi ? M'interrogea-t-il alors.

— Gérer ça. Notre relation...

— Qué quieres decir ?

— Je ne sais pas vraiment comment on va pouvoir se cacher, et...

— Cariña, me coupa-t-il. Todo lo que importa es nuestro amor.

Notre amour...

Il retira le bras qui se trouvait sous ma tête et je m'allongeai, dos contre terre. Il se redressa légèrement pour se pencher au-dessus de moi. Sa main vint caresser ma joue, pour venir épouser ma chevelure d'or.

— Je m'en fiche de autrrres, de leurrrs avis, me dit-il alors.

Je n'eus pas la force de répondre. Le ton sérieux dans sa voix valait toutes les paroles du monde.

— Ne pense pas à ça. Pense à nous. Ici. Maintenant, continua-t-il.

— Et que veux-tu faire, maintenant ? L'interrogeai-je.

— Solo quiero volverme loco contigo. No piense. Solo vive conmigo mi amor.

Se laisser aller à la folie ?

Ne pas penser, seulement vivre ?

— Qu'est-ce que ça veut dire, Alejandro ? Lui demandai-je.

Il ne répondit rien.

Il rapprocha son visage du mien et nos fronts s'entrechoquèrent doucement. De là, je me laissais fondre dans ses yeux. Lorsque la nuit prenait possession des lieux et que j'apercevais les milliers d'étoiles se loger dans son regard, il ressemblait à une divinité. J'étais ivre de bonheur à ses côtés.

OJOS OSCUROS Noir DésirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant