CHAPITRE 37 - Secrets

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Nous étions jeudi soir.

Et j'étais au bar.

Seule.

Pourquoi ?

Parce que je n'avais que cela à faire.

J'interpellai le barman.

— Un demi pêche, s'il vous plaît !

— C'est déjà le quatrième, Madame...

— Peu m'importe, grognai-je.

Les paroles du vieil homme tournaient toujours en boucle dans ma tête.

Vous les femmes, vous êtes toutes les mêmes.

Sa voix rauque et hachée par les litres d'alcool qu'il ingurgitait quotidiennement résonnait dans mes oreilles.

T'es pas la seule à foutre la merde ici, et tu seras sûrement pas la dernière.

Bien sûr, j'avais bien compris qu'il était de mèche avec ce vieux goujat de Giordano, mais je n'aurais jamais imaginé qu'il puisse y avoir eu d'autres femmes dans la même situation que moi, et qui plus était, soit dans le déni, soit dans l'obligation de se taire par nécessité.

Pauvre connard.

Je m'enquillais encore quelques verres, le cœur maintenant plus léger, sous les yeux ébahis du jeune homme. Il arborait des taches de rousseur et un regard cristallin. Ses cheveux roux étaient assez courts, et bien coiffés. La brillance qui leur était conférée venait sans doute du gel qu'il avait mis afin que sa coiffure tienne toute la soirée. Il devait avoir dans la vingtaine.

— Vous êtes... Nouveau, ici, non ? Tentai-je de lui dire.

— Oui, c'est exact, Madame.

— Bien. Alors partez du principe que vous allez me voir souvent ! Lui balançai-je.

Le jeune homme semblait déboussolé. Il repartit à ses occupations et alla servir ses autres clients, me laissant seule avec mon dernier verre. Je fixai l'horloge du bar longtemps, admirant les aiguilles tourner à des rythmes différents autour du mécanisme.

Pourquoi ne pas aller danser ?

Le Milanais se trouvait à deux pas d'ici. Je n'avais qu'à m'y rendre, devenir la reine de la soirée, et me déchaîner sur la piste de danse. Après tout, j'étais seule : personne n'aurait le loisir de me raisonner.

Je faisais ce que je voulais, quand je voulais.

***

Je pouvais déjà entendre la musique de l'extérieur. La soirée semblait déjà être à son apogée, même si nous étions en pleine semaine. Je ne voyais que quelques personnes à l'entrée, ce qui suggérait une soirée assez tranquille. Je devais bien avouer que j'aurais préféré être avec ma meilleure amie, mais hors de question de me rabaisser, ni de m'excuser.

Elle l'a bien cherché !

Je crois...

Je me déhanchais ainsi sur la piste, un énième verre d'alcool à la main. Mes yeux ne me rendaient plus la vision nette du monde que j'avais quelques heures plus tôt. La tête me tournait. Je tournais sur moi-même sous les projecteurs, manquant parfois de tomber. Les lumières tamisées de la pièce n'arrangeaient rien.

— Bonsoir...

Je me retournai : un grand jeune homme se trouvait devant moi. D'une carrure impressionnante, il avait les cheveux très courts, et la barbe rasée de très près. Il n'avait pas perdu de temps : cela faisait à peine un quart d'heures que j'étais là et déjà, je me faisais draguer.

OJOS OSCUROS Noir DésirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant