CHAPITRE 39 - Enchainée

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J'ouvris les yeux lentement.

C'était le pire jour de la semaine, le jour où c'était difficile de se lever pour reprendre une longue semaine.

Le lundi matin.

Je n'avais pas eu de nouvelles de Nicolas de tout le week-end. Ou plutôt... Je ne lui en avais donné aucune.

Je n'avais encore pris aucune décision, mais j'avais décidé de prendre mes distances, d'autant plus que mes parents avaient passé le weekend à osciller entre leur camping-car et mon appartement, envahissant mon espace vital jusqu'à me faire me sentir comme dans une prison du Rwanda.

J'avais dormi comme une enclume cette nuit-là. Enfin... Pour le peu d'heures de sommeil que mes parents m'avaient accordé durant le week-end.

Et le pire, c'était qu'ils étaient encore là, à vagabonder ça et là, et à me veiller au grain à leurs heures perdues, surtout ma mère.

Étais-je une délinquante ?

Passais-je ma vie à vagabonder dans les rues malfamées pour dénicher les meilleurs prix pour une trace de cocaïne ?

Passais-je mes nuits dans des clubs privés peu fréquentables en compagnie de vieux pleins aux as pour combler les fins de mois ?

En temps normal, j'aurais dû me sentir oppressée par les réflexions hasardeuses de ma génitrice. J'étais restée plongée à l'intérieur de moi, enfermée dans mes pensées.

Croiser Olivia m'avait permis de mettre des mots sur ce que je ressentais : j'avais pu libérer mon cœur des caresses âpres de mon couple à la dérive, j'avais pu abandonner les œillères qui couvraient mon monde. J'avais compris que je devais me recentrer sur moi-même.

Réfléchir.

Cogiter.

Trouver les réponses à mes différentes questions, seule.

Et fort heureusement, ils projetaient de partir ce jour-même, lorsque je serais au travail.

Youpi, enfin une bonne nouvelle.

Je m'étais donc préparée aux adieux conventionnels que j'appréciais tellement.

— Ma fille... M'interpella ma mère au moment où je sortais de mon appartement pour me rendre au lycée.

— Oui ?

— On te dit au revoir... On va partir dans une heure ou deux.

— D'accord.

Plus sèche tu meurs.

— Ça nous a fait extrêmement plaisir de te voir, déclara mon paternel.

— À moi aussi, vous n'avez pas idée ! Ironisai-je.

— Viens là, me demanda ma mère en me tendant les bras.

Je répondis à son appel par une douce étreinte qui m'en donna la nausée. La caresse de ses doigts vieillots dans ma chevelure n'avait rien de sensuel ou d'envoûtant. Son souffle dans mon cou me débèquetait.

— On se voit bientôt ? Me questionna l'affreuse harpie.

— Compte là-dessus.

Note à moi-même : prendre une douche pour me débarrasser du venin.

OJOS OSCUROS Noir DésirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant