CHAPITRE 46 - Comme un bouton de rose fragile...

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Nous étions vendredi soir.

Le début des vacances d'avril.

Les dernières vacances de l'année.

J'étais seule dans mon petit appartement, à travailler mes cours à l'avance, histoire de ne pas passer ces deux semaines à travailler, et pouvoir me changer les idées.

Sortir.

Faire du shopping.

Lire.

Dormir.

Le fait de devoir travailler d'arrache-pied m'aider à m'échapper de mon quotidien si stressant. Ces deux semaines de vacances étaient mon Salut. J'allais être loin d'Alejandro, loin de mes envies. Loin de toute tentation.

Alors, à la recherche de différents documents pour illustrer mes propos, je parcourais internet depuis des heures.

Depuis quelques temps, j'avais des difficultés à me concentrer : la recherche de document, la relecture des œuvres annotées, les corrections... Tout me demandait une énergie folle.

Ces vacances allaient sans doute me permettre de me ressourcer. Oui, il n'y avait aucun doute. Et de toute manière, j'avais besoin de prendre le recul nécessaire à ma survie.

Et la survie de mon cul.

Ce soir-là, mon objectif était autre : je tentais désespérément d'oublier toutes ces paroles d'Alejandro qui me trottaient encore dans la tête et d'effacer la sensation de ses caresses sur ma peau. Mais à chaque instant encore, je sentais ses mains dans mon cou, ses bras autour de ma taille, et son corps puissant contre le mien.

Il me semble que jamais je n'ai ressenti autant de désir pour une femme. Il me semble que je n'ai jamais autant voulu faire jouir une femme, la faire hurler au point de faire trembler les murs du lycée. Il me semble que jamais je n'ai senti mon corps sans défense à ce point.

Oh, Alejandro...

Tu me veux donc tant ?

Ayant mis une douce mélodie du Seigneur des Anneaux, je restai au calme. Aucune envie de sortir ce soir. Pourtant, ça n'était pas faute de la part d'Olivia de me l'avoir proposé.

Je regardai ma montre : il était dix-neuf heures trente. Mon ventre commençait à crier famine. Je n'avais rien mangé depuis tôt ce matin-là.

— Bon... On fait quoi ce soir ? Me questionnai-je moi-même. Des pâtes ? Du riz ? Des...

TOC

TOC

TOC

— Qui ça peut être... À cette heure-ci ? Me demandai-je à moi-même, en chuchotant pour que la personne derrière la porte ne m'entende pas.

Je me levai de mon canapé et me dirigeai vers la porte en ruminant. Je n'avais aucune envie de recevoir du monde.

Et je craignais le pire : Nicolas qui viendrait s'excuser encore une fois d'avouer oublier de mentionner sa fiancée ou simplement pour me baiser encore comme s'il me prenait pour acquise - dans le fond, je l'étais peut-être -, mes parents qui reviendraient crécher dans leur camping-car et surveiller tous mes faits et gestes... Il y avait tant de possibilités. C'était déconcertant.

Je plaçai un œil à travers le judas.

Non...

C'est pas...

Possible...

Je n'en croyais pas mes yeux.

J'en perdais mon latin.

OJOS OSCUROS Noir DésirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant