CHAPITRE 53 - Baise-moi

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Le quotidien devenait éprouvant : coincée entre Nicolas et Alejandro.

Coincée entre l'ange et le démon.

Entre le feu et la glace.

La rose et les épines.

Le jour et la nuit.

Quelques jours s'étaient écoulés.

J'avais tout fait pour éviter Nicolas et Alejandro. Mes deux amants. Et rien que lorsque je prononçais ces deux termes dans ma tête, cela m'en donnait la nausée. Et pourtant, je n'arrivais pas à me sortir les mots d'Alejandro de la tête.

Coincée dans une prison hormonale...

J'avais passé la semaine à relire ce message écrit et à imaginer sa langue en train de goûter à ma chair, à mon liquide, à mes lèvres... À goûter à mon corps. Je tentais tant bien que mal de contenir mes hormones.

Le plus difficile dans toute cette histoire, c'était de trouver des excuses pour partir des cours avec les Seconde 2 à l'entente de la sonnerie, et de ne pas me laisser emporter par ses regards de braise en classe. Car oui, j'en étais presque l'esclave.

Fort heureusement, Alejandro n'avait presque plus besoin de cours de français particuliers, et se contenter de suivre ses camarades en classe, dans un cursus quasiment classique. Il avait appris tellement vite, j'étais subjuguée par sa capacité d'adaptation. Seuls quelques mots lui faisaient encore défaut.

***

Ce jour-là, ce fut une journée classique : des copies à corriger, des contrôles à effectuer, des cours à donner... J'étais passée par toutes les phases.

J'avais cours toute la journée : la dernière heure de cours avec les Première semblait interminable. Je leur avais préparé une compréhension orale que nous effectuions ensemble. Parfois, je me plaisais à les guider afin qu'ils entrent plus profondément dans les documents.

Je checkai ma montre : 16h42.

La fin de l'heure se faisait ressentir. J'étais épuisée, et mes élèves également. Je tentais tant bien que mal de limiter les bavardages avec cette classe de terminales loin d'être simple à gérer en ce moment, quand tout à coup, la sonnerie retentit dans l'établissement.

Tous les élèves prirent leur sac et se précipitèrent vers la sortie. Les laissant partir, je décidai de ranger mes affaires.

— Ouf, cette journée est enfin terminée, me dis-je à moi-même, pensant être seule.

Et lorsque je me baissai pour ramasser le feutre rouge qui venait de tomber au sol, j'entendis la porte de la salle se refermer. Prise d'une panique soudaine, je me relevai rapidement puis me retournai.

— Tu m'as flanqué une de ces trouilles... Avouai-je, la main sur le cœur.

— Ah ah, désolée !

Safiya se tenait dans l'encadrement de la porte. La laissant ouverte, elle s'approcha de moi pour m'enlacer.

— Ma petite chérie... Comment ça se passe, hein ? Me questionna-t-elle.

— Mmh... Fis-je mine d'hésiter. Plutôt bien, je crois.

— Tu crois ?! Répéta-t-elle.

C'est quoi cet interrogatoire ?

— Bah... Oui, je crois. J'suis juste fatiguée, après cette journée. Puis... La fin d'année approche !

— À ce propos, je voulais te proposer une petite sortie cet été. Avec quelques copines, on comptait organiser un pique-nique. Ça te tenterait de te joindre à nous ? Me proposa-t-elle.

OJOS OSCUROS Noir DésirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant