Et voilà, Julia.
T'es enfin passée du côté obscur de la force.
Alors... Heureuse ?
J'avais honte. Une sacrée honte.
Affalée dans mon lit, je me remémorais ma soirée : j'avais baisé avec un inconnu, dans un lieu inconnu, et pour une raison inconnue.
Et pour couronner le tout, j'avais la gueule de bois.
La veille, j'étais allée danser avec mon amie, dans le but de décompresser un peu de tous les événements récents. Au bout du compte, je m'étais retrouvée dans la voiture d'un phallocentrique pitoyable dans un parking, perdue au beau milieu de nulle part.
Plus bas, tu meurs.
Je haïssais les machos. Je les méprisais. Mais la veille, j'avais décidé de m'envoyer en l'air avec l'un d'entre eux. Et avec le pire des spécimens.
Pourquoi ?
Inutile de tergiverser : je l'avais fait par dépit. Je me levai enfin de mon lit, dans lequel j'avais roupillé si longtemps que le matelas avait pris la forme de mon corps. Je filai sous la douche.
En me déshabillant, je remarquai des marques bleutées sur certaines parties de mon anatomie : sur mon épaule, sur le bas de mon ventre, et sur ma fesse gauche.
Eh bien...
On y est pas allé de main morte...
Je me remémorai soudain de quelques bribes de la soirée.
— Alors, t'aimes ça, hein ?! Me hurla l'homme qui me prenait en levrette.
— Oui !
— Dis-le, insista-t-il, tandis qu'il me chevauchait de plus en plus rapidement.
— J'aime ça !!! M'égosillai-je.
Les mains collées à la vitre de l'arrière de la voiture, j'étais à quatre pattes, l'inconnu à genoux juste derrière moi. Il agrippait mes hanches en appuyant sur mes os, prêt à me les broyer, et me flanquait des fessées.
J'aurais eu envie de le tuer, mais en même temps, j'aimais ce qu'il faisait subir à mon corps. C'était plus fort que moi ; ces sensations et cette brutalité avaient un goût amer de sensualité.
Soudain, il attrapa mes cheveux et les roula en queue de cheval. Il tira ma tête en arrière, de sorte que son pénis entra encore plus profondément en moi. Son sexe m'empalait littéralement.
— Hein, t'es ma salope ?!
— Oui.
— Dis-le !
— Je suis ta salope.
— Bordel... J'suis vraiment devenue pire que la pire des salopes, effectivement, conclus-je en me regardant dans le miroir de ma salle de bain.
Au moins, t'as mis une capote !
Ça évitera qu'une énergumène se reproduise encore...
J'avais cette impression que même mon reflet me jugeait, cette femme aux sourcils arqués qui savait tout de moi et de la vie que je menais.
Étais-je réellement cette femme ? Il me semblait que oui. C'était mon Moi intérieur qui était ressorti la veille. J'étais comme ça, c'était indéniable.
Et il faut croire que je suis tout bonnement incapable de changer ça...
Cet homme vil avait continué à me chevaucher fougueusement pendant des heures, comme s'il n'avait pas baisé depuis des années, comme si éjaculer violemment en moi était le but ultime de sa soirée. Comme s'il était simplement venu pour trouver une proie.
Et j'étais tombée dans le panneau comme la pauvre antilope que j'étais.
***
La journée était passée rapidement : j'avais passé le plus clair de mon temps à dormir, avec un gant d'eau froide sur le front. J'avais l'impression que des milliers de trompettes hurlaient leur désespoir à l'intérieur de ma tête.
Mon téléphone avait vibré du matin au soir : c'était Olivia. Je ne lui ai jamais répondu. J'aurais voulu mourir, plutôt que d'affronter la situation.
Était-ce elle qui m'avait inconsciemment poussé à coucher avec cet inconnu ?
Non... Mais je préférais le croire.
Oui. C'est plus simple de le croire.
Je croyais qu'au fond, je cherchais simplement, par mes décisions hasardeuses, à me punir pour les pensées qui traversaient mon esprit depuis quelques temps.
La flagellation était le meilleur moyen pour moi d'expier tous mes péchés. Souffrir, c'était le meilleur moyen. Et je crois que je n'étais pas au bout de mes peines...
Il faut retourner au boulot, demain...
Je n'avais aucune envie d'y retourner : je souhaitais juste mourir en paix au fond de mon lit, sous mes couvertures épaisses qui m'enveloppaient toute entière, comme si rien ne pouvait m'atteindre, comme si je pouvais m'échapper du monde sans qu'il ne s'en rende compte.
Allez ressaisis-toi !
Je ne vis qu'une solution qui me motiverait à passer cette dernière nuit de sommeil en paix avant de reprendre une nouvelle semaine de cours.
Oh, c'est mal...
Je fermai les yeux quelques instants pour peser le pour et le contre, puis les rouvris quelques secondes plus tard. Je fixai le plafond.
Et puis fuck.
Je me redressai dans mon lit, ouvris le tiroir de la table de chevet et y glissa ma main. J'en retirai un objet phallique rose bonbon d'une vingtaine de centimètres.
On n'est jamais mieux servi que par soi-même.
— Coucou, Copain... Toi au moins, tu feras ce dont j'ai envie, hein ? Questionnai-je l'amant sans vie.
Je saisis l'objet, et appuyai sur le bouton ON. Il se mit à vibrer dans ma paume, créant différentes ondes excitantes sur ma peau. Et sans réfléchir plus longtemps, sans même avoir pris le temps de le lubrifier, je l'enfonçai profondément en moi.
— Oh... Oui...
Je commençai mes va-et-vient, et mon rythme devint vite plus rapide.
— Oh... Et puis au moins, tu fermes ta gueule...
Et soudain, je me laissai transporter dans mon monde intérieur, aussi tordu fut-il.
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OJOS OSCUROS Noir Désir
RomanceHISTOIRE CORRIGÉE!!! "Le meilleur moyen de résister à la tentation, c'est d'y céder." Julia Meyer, fraîchement diplômée, débarque dans un établissement de banlieue pour y enseigner le français. Fuyant une vie de famille envahissante, elle décide de...