Chapitre 2

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Éloïse


À seulement vingt-trois ans, j'avais déjà tout un palmarès de pratiques sexuelles. Je m'identifiais comme une personne kinky, aventureuse, sans réserve, sans limite.

Adolescente, je m'intéressais déjà au BDSM. Je n'étais donc pas une néophyte dans cette communauté. Bien au contraire. Le fait qu'on me trouvait plutôt mignonne – pour cause ma petite taille, mes fringues respectueuses, et l'absence d'artifices sur mon visage - et surtout jeune, m'aidait à trouver facilement des partenaires, très souvent des hommes d'âge mûr.

Ainsi, j'avais essayé à peu près tout ce qu'on pouvait espérer vivre dans cet univers, depuis la soumission jusqu'à la domination, en passant par des rencontres où les rôles étaient plus ou moins clairement définis. Chez moi, j'avais une liste d'activités BDSM de plusieurs pages sur laquelle j'avais tout coché, parce que j'avais tout expérimenté à l'exception de quelques activités vraiment très extrêmes et dangereuses.

La seule activité douce que je n'avais pas encore vécue était ce qu'on appelait la discipline domestique. Je n'étais pas certaine que ce soit quelque chose qui aurait pu m'intéresser. J'étais bien trop masochiste et désireuse de me soumettre à un dominateur exigeant et « cruel » pour pouvoir vraiment apprécier cette version édulcorée du BDSM.

En fait, depuis mes dix-huit ans, je me promenais d'un bar à l'autre et je participais à quelques ateliers de rencontres, sans aucune attache. En général, le vendredi ou le samedi soir, je sortais dans les clubs BDSM. Si j'y rencontrais quelqu'un susceptible de me procurer ce que je recherchais, nous nous rendions chez lui pour une nuit torride. Sinon, je rentrais chez moi, frustrée et déçue, mais pas défaitiste.

J'avais eu la chance, malgré ce que j'étais, ce que je recherchais et tout ce que j'avais expérimenté, de ne pas vivre de mauvaises expériences. J'avais même l'impression que toutes ces expérimentations sadomasochistes me permettaient de mettre au monde mon vrai moi.

Cependant, je devais avouer que cette errance de bar en bar, de club en club, de dominateur en dominateur, ne m'apportait plus grand-chose. Toute cette routine devenait si répétitive et ennuyeuse que j'avais de moins en moins le goût de partir à la chasse au dom.

J'avais l'impression d'avoir épuisé toutes les réserves d'imagination des dominateurs de la région et j'en étais même venue à me demander si la relation dominant / soumise et le BDSM en général n'étaient rien de plus qu'une manière compliquée de s'envoyer en l'air, ou s'il y avait quelque part un dom sachant quoi faire d'une soumise quand le scénario de sa séance du jour se terminait et qu'il avait joui.

J'avais de plus en plus le sentiment de ne pas pouvoir être réellement moi-même plus de quelques heures par semaine, pour la durée d'une séance.

Si j'étais née pour être esclave, vraiment esclave, pas juste une soumise qui joue parfois à l'esclave, est-ce que je ne perdais pas mon temps dans les clubs ou même en général ? Car si je jouais un rôle, ce n'était pas quand j'étais soumise, c'était tout le reste du temps.

Si j'étais vraiment née pour l'esclavage, il y avait peut-être quelqu'un né pour dominer, me dominer. Et si je trouvais le Maître qu'il me fallait, mon complément, mon âme-sœur, j'étais prête à tout pour lui et rien ne saurait m'arrêter, m'empêcher de bien le servir, de lui consacrer chaque instant de ma vie...

Mais ce Maître en question, ce n'était certainement pas celui qui venait de sortir sa queue de mon vagin pour me l'enfoncer dans la gorge juste après avoir retiré la capote. Sa brutalité et son manque de tact me plaisaient assez, raison pour laquelle me voilà déjà à ma troisième séance avec lui, mais ce n'était toujours pas lui, l'homme de mes rêves.

Catharsis [Spin-off]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant