Chapitre 44

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Ayden


Mes paupières étaient lourdes. Je n'avais pas fermé l'œil de la nuit.

Je pouvais facilement attribuer cette insomnie au petit corps pressé contre le mien, agrippé comme une sangsue. Pourtant, malgré cette proximité étouffante, je ne ressentais aucune gêne accablante.

Mon esprit était bien trop occupé à jouer en boucle divers scénarios alarmants, mais un seul était plausible d'après le dernier mot qu'elle avait prononcé à ce sujet.

Les possibilités de traumatismes à l'origine d'une crise d'hystérie d'une telle envergure étaient multiples. Bien que je ne sois pas psychologue, il me semblait évident que ma soumise devrait envisager une consultation. Elle était un danger pour elle-même. Sans ma présence, elle se serait ouvert les veines.

Les dépressifs ne se scarifient pas sans raison, et bien qu'Éloïse puisse paraître souriante et chaleureuse, elle ne se portait pas bien. Ses fantasmes étranges semblaient être une échappatoire à des souvenirs très sombres, une sorte de mécanisme de défense contre ses démons.

Ce complexe psychologique était courant, mais parfois la solution se trouvait dans la problématique elle-même, tandis que d'autres fois, elle était bien plus profonde.

À vingt-trois ans, elle était encore jeune, mais je doutais qu'elle ait perdu son innocence à sa majorité. Imaginer des actes odieux perpétrés contre une enfant me faisait frémir de dégoût. J'avais croisé ce genre de prédateurs en prison, et rares étaient ceux qui éprouvaient le moindre remords.

Pour moi, la solution contre ces monstres était simple : l'abattoir.

Le fantôme qui hantait ma soumise était un tout autre genre de monstre. Je n'avais rien laissé paraître devant elle, mais j'avais déjà une piste ; Rosethorn, était le nom d'une organisation criminelle de proxénétisme, qui avait pour symbole une rose noire aux pétales tombantes. Les fidèles se faisaient tatouer cette marque sur le poignet, et je doutais bien que c'était ce qu'Éloïse avait vu au club.

Et il y a six ans, j'avais collaboré avec les fics et le procureur pour faire tomber ce réseau criminel qui se cachait derrière le trafic de drogue pour dissimuler ses véritables activités. C'était la contrepartie pour que ma peine soit allégée.

Aujourd'hui, l'organisation n'existait plus : la moitié morte, le reste en prison. Je ne connaissais pas le type qui avait performé sur la scène du club, mais j'en toucherais un mot à Alexander pour qu'il double la sécurité. Ce genre de malfrat se réincarnait pour devenir plus dangereux, et si mes doutes s'avéraient exacts, Éloïse était en danger.

Et moi-même je l'étais.

Mon esprit fut arraché à ces sombres pensées lorsque je sentis un petit nez se frotter contre ma joue hirsute. Un sourire étira mes lèvres malgré moi. Bien que je sois en guerre contre le sexe opposé, Éloïse était différente. Si innocente lorsqu'elle dormait, si adorable au réveil.

—Vous sentez tellement bon, gémit-elle en me reniflant.

—Et toi, tu as une haleine de chacal, plaisantai-je.

Elle recula son visage et souffla contre sa paume pour vérifier mes dires. Mon amusement s'effaça lorsque je vis les pansements et les bondages qui recouvraient ses avant-bras. Après l'avoir ramenée chez moi, je l'avais soignée. Après un bain chaud et un délicieux repas cuisiné par mes soins, elle s'était profondément endormie sans que nous n'ayons reparlé de ce qui s'était passé.

—Je n'ai rien du tout ! Je me suis brossé les dents ! protesta-t-elle.

—Tu as le nez bouché, la taquinai-je.

Catharsis [Spin-off]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant