Chapitre 6

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Éloïse


D'habitude, je ne me plaignais jamais de mes journées passé dans mon école d'art, car j'avais l'occasion de faire ce que j'aimais par-dessus tout ; créer des choses.

Les journées débutaient le lundi matin avec des cours de dessin où je m'efforçais d'exprimer mes idées sur la toile. Les après-midis étaient dédiés aux ateliers, où nous expérimentions avec différentes techniques artistiques. Les mardis et jeudis, c'était le rendez-vous avec la sculpture, et je m'attelais à donner vie à mes visions en modelant l'argile. Les mercredis étaient souvent consacrés à la théorie de l'art. et les vendredis se réservaient aux critiques de groupe, où nos œuvres étaient partagées et discutées.

Après une semaine aussi instructive et chargée, le week-end devenait un moment de liberté, mais souvent, je me retrouvais plongée dans des projets personnels, incapables de résister à l'appel de la créativité. Beaucoup se demanderaient – ma meilleure amie la première – pourquoi une jeune étudiante en art telle que moi, était attirée par l'univers du BDSM.

La réponse était très simple, en fait. Nous les artistes, sommes compliqués. Impossible de cerner le fond de notre pensée. Personnellement, je percevais le sexe comme une évasion, une façon de transcender les pressions et les défis quotidiens. Le BDSM représentait un moyen de libérer et d'explorer des émotions puissantes. Pour moi, mes nombreuses expériences, mes réussites comme mes échecs, m'avaient énormément inspiré dans mes travaux, ils m'avaient permis de me connecter avec mes instincts les plus profonds et de repousser les limites de ma propre compréhension.

C'était, et ça restera, une exploration intime et personnelle qui me permettait de me sentir pleinement vivante, créative et en contrôle de mon propre univers. Mais en dépit de mon vécu, je n'avais toujours pas trouvé la perle rare ; l'homme qui m'inspirerait et me comblerait. Je cherchais peut-être une idylle, mais j'étais certaine, au plus profond de moi, que je me rapprochais de ma cible.

Il était là, quelque part, plus proche que jamais. Le trouverais-je peut-être ce soir ?

Prenant place au bout de la file d'attente, j'ajustai mon chemisier avant de sortir mon petit miroir de poche pour vérifier l'état de mon maquillage. Je devais avouer avoir un peu exagéré avec le fard à paupières et l'eye-liner, mais je tenais absolument à me présenter sous mon meilleur jour.

Quand vint mon tour pour présenter ma pièce d'identité, je tombai sur le vigile de l'autre fois. Il me dévisagea avant de sourire. Il m'avait reconnu.

— Encore toi ?

— Oui. Je suis majeure, j'ai le droit d'être là. Je peux entrer maintenant ?

Il esquissa un sourire amusé.

— Entre. Mais attention, tu ne sais pas à quoi tu t'exposes, petite.

J'ignorai sa remarque, m'engouffrant dans le sanctuaire de la débauche. Les lumières tamisées soulignaient le caractère érotique de l'endroit, où le parfum du cuir et de la cire se mêlait à une excitation palpable. La musique basse pulsait, rythmée avec les murmures et les éclats de rire feutrés qui accompagnaient les différentes scènes qui se déroulaient autour de moi.

Direction le bar, je tentai de rassembler mon courage. Le barman, un jeune homme maigrichon, m'observa d'un regard curieux.

— Nouvelle ici ? demanda-t-il d'une voix rauque.

— Hum, oui. Je cherche quelqu'un... Ayden.

Un sourire entendu éclaira son visage.

— Il est dans l'arrière-salle.

Catharsis [Spin-off]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant