Chapitre 55

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Jacob


— Bonjour, Jacob. Comment allez-vous ?

— Bien... merci.

C'était ma troisième consultation, et j'espérais que cette fois serait la bonne. Ayden m'avait conduit chez son psy, qui avait insisté pour me voir seul afin d'établir un premier diagnostic à travers diverses évaluations psychologiques.

Aujourd'hui, il devait me révéler son verdict : l'hypnothérapie pourrait-elle corriger mes trous de mémoire, ou devrais-je consulter un neurologue, subir une série d'examens et suivre un éventuel traitement ?

En toute honnêteté, je souhaitais une solution rapide. J'avais accepté l'idée que j'étais partiellement amnésique, et retrouver ma mémoire ne changerait pas grand-chose à ma vie... Au contraire, cela risquait de me faire encore plus de mal en me rappelant cette horrible nuit...

— Installez-vous, nous avons beaucoup à discuter, dit-il d'un ton professionnel mais chaleureux.

J'acquiesçai et pris place sur le canapé, tandis qu'il s'installait dans son fauteuil en face de moi, les jambes croisées et sa tablette sur les genoux.

— En prenant en compte vos consultations préliminaires et en étudiant votre dossier médical, j'en suis venu à la conclusion que votre amnésie n'est pas due à votre choc à la tête...

Je retins ma respiration. Quoi ?

— Vous avez été agressé sexuellement. Vous avez cherché de l'aide auprès de votre père, mais il ne vous a pas cru. Votre agresseur a démenti vos accusations... Vous aviez quinze ans, Jacob. Vous vous êtes retrouvé seul et impuissant, alors, pour vous protéger, vous avez bloqué ce douloureux souvenir en ne gardant que l'essentiel en mémoire : que votre demi-frère vous a fait du mal.

— Attendez... Vous dites que c'est moi qui refuse de me souvenir de ce qui m'est arrivé ?

— À quatre-vingt-dix pour cent, oui.

Mon cœur s'emballa.

— Dans ce cas, l'hypnothérapie peut fonctionner pour débloquer vos souvenirs, à condition que vous consentiez à vous en rappeler... Si vous résistez ou si vous vous sentez forcé, cela pourrait mal se passer et votre cerveau pourrait créer des souvenirs factices – bons ou mauvais – pour combler vos lacunes, sans pour autant vous dévoiler la vérité.

J'ouvris de grands yeux.

— Le cerveau est vraiment capable de faire ça ?

— Oh oui, sourit-il. Le cerveau est capable de beaucoup de choses...

— En venant ici, j'espérais au fond de moi que vous me diriez que vous ne pouviez rien faire pour moi. Je sais que cela donne l'impression que je me dégonfle, que je ne suis pas prêt, mais si je dois avancer, si je dois faire confiance à quelqu'un d'autre qu'à Ayden, je dois connaître la vérité.

— Cette vérité n'influencera pas forcément l'homme que vous êtes aujourd'hui, me prévint-il.

— Mais elle m'aidera à accepter qui je suis... Je suis gay. Je suis un soumis. Je suis une victime. Tout cela, je l'accepte, mais... pourquoi ? Pourquoi suis-je comme ça ? Pourquoi ne suis-je pas plus affirmé, plus viril ? Pourquoi ai-je autant de maladresses, et pourquoi ai-je si peur de tomber amoureux ?

Le psy me regarda avec une lueur de pitié qui s'éteignit aussitôt à la vue de mes yeux s'assombrir.

— Laissez tomber, je vais partir...

Je me levai brusquement, mais il leva une main pour me retenir.

— Jacob, attendez. Vous avez raison de vous poser ces questions, et il est de votre droit de chercher des réponses, mais il faut que vous soyez absolument sûr, à cent pour cent. Je ne peux pas vous endormir en prenant le risque que vous fassiez une crise d'épilepsie ou autre...

Catharsis [Spin-off]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant