★ Ayden ★
Je jetai mon sac à dos sur mon épaule et respirai l'air frais en regardant la grille s'ouvrir. Je suis libre. Après six ans, après deux mille cent quatre-vingt-dix jours, je sortais enfin de prison.
Cet endroit infernal n'allait pas me manquer, surtout la bouffe immangeable et les bagarres interminables. Mon compagnon de cellule était plutôt sympa, et l'infirmière assez mignonne, mais rien ne valait cette douce brise, ces rayons de soleil qui réchauffaient ma peau, et ce visage familier que je revoyais enfin sans vitre nous séparant.
— Jolie bagnole ! lançai-je en arrivant à sa hauteur.
— Je m'ennuyais.
Chris me fixa un instant, indécis, puis vint me prendre dans ses bras pour me serrer très fort. Toi aussi, tu m'as manqué, Warner. Il m'avait rendu régulièrement visite durant mon incarcération, mais ça faisait quand-même énormément de bien d'avoir un contact direct avec lui. Il n'avait pas changé, trente-sept ans et père de trois gosses, mais il gardait toujours la forme.
Il avait bataillé pour ne pas couper les ponts avec moi. Il n'avait pas voulu me raconter, mais Jason m'avait expliqué que Chris avait failli foutre en l'air son mariage pour moi, après le procès. Finalement, sa femme avait accepté notre amitié à condition que je n'approche jamais de leurs enfants.
Tant mieux, j'ai horreur des gosses.
— Comment tu vas ? me demanda-t-il en se détachant pour déverrouiller sa voiture.
— Ça va.
Il appuya sur un bouton de sa télécommande et les portes en élytre de la Lamborghini s'ouvrirent vers le haut, comme les ails d'un insecte. Je haussai un sourcil alors que le brun affichait un sourire arrogant. Les gens friqués, à jamais dans l'exagération.
— C'est cool, hein ?
— Et ta Ferrari, tu en as fait quoi ?
— Rien, elle est au garage. Elle est devenue trop démodée pour moi.
Je m'installai dans le bolide et Chris prit le volant, puis il démarra en appuyant sur un bouton. Quand il appuya sur l'accélérateur, la Lamborghini dernier modèle se projeta vers l'avant avec une telle force que ça me plaquait contre le fauteuil. Il conduit aisément, très sûr de lui.
— Je te la donne, me dit-il.
— De quoi ? fronçai-je les sourcils.
— Mon ancienne voiture.
Il était vrai que les autorités avaient confisqué tous mes biens ; ma maison, ma voiture, gelé mon compte bancaire et j'avais aussi perdu mes parts dans les clubs où je m'étais investi depuis des années. Je n'avais plus rien. J'étais fauché.
— Non, c'est bon, je me débrouillerai. Au pire, je prendrais le ferry.
— Ne sois pas ridicule, Ayden. Ce n'était pas une question, de toute façon.
Il ne me regardait pas, concentré sur la route. Il roulait vraiment vite, doublant un 4x4 qui baissa la vitre pour lui faire un doigt d'honneur. Ok. Je pouvais comprendre qu'avoir des chevaux qui ne demandent qu'à s'élancer sous le capot avait de quoi rendre dingue à cette allure, mais je connaissais Chris par cœur pour deviner qu'un truc n'allait pas.
— Isabella va bien ? Et les enfants ?
Il me lança une œillade, surpris par mon changement de sujet, avant d'accélérer. Ses coups d'accélération suivis de freinage me firent jurer.
VOUS LISEZ
Catharsis [Spin-off]
General FictionAyden, fraîchement libéré après avoir purgé sa peine, se voit offrir une seconde chance dans le tentaculaire État de New York. Son meilleur ami est à ses côtés, mais parviendra-t-il à se relever sans tricher ni retomber dans ses anciens vices ? Éloï...